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repenser la place de l'élève dans la classe flexible

mis à jour le 09/04/2024


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Suite à une formation au sein de son établissement, Cécile Baraton, enseignante d’histoire-géographie, engage depuis 2021 une réflexion sur l’aménagement de l’espace de la classe. Comment la mise en place de la classe flexible favorise la mise en activité des élèves ?

mots clés : échanger, classe flexible, autonomie, différenciation pédagogique, collaboration


Pour répondre au mieux aux interrogations des enseignants sur la prise en charge des élèves à besoins particuliers, l’équipe pédagogique a bénéficié d’une formation assurée par une intervenante de l’Itep des Herbiers et d’un ergothérapeute. C’est au cours de cette journée de formation que Cécile Baraton a découvert un nouveau matériel tel que les assises flexibles ou les fidgets (petit objet à manipuler) : ce matériel est proposé aux élèves pour les aider à canaliser leur énergie ou évacuer leur anxiété. L’établissement fait l’acquisition de quelques assises flexibles pour que les enseignants intéressés commencent leur expérimentation.
Cécile Baraton a poursuivi sa réflexion en menant des recherches en ligne sur les modalités d’apprentissage en lien avec ce matériel. Elle a déjà eu des échos de la pratique de la classe flexible dans le premier degré. C’est la prise en charge d’un élève en situation de handicap moteur à la rentrée 2021 qui accélère la mise en place de la classe flexible : une salle de classe doit être réservée à la classe de sixième de l’élève, l’équipe pédagogique décide de l’aménager en classe flexible.
 
La classe flexible va plus loin dans l’aménagement de la salle que la classe en îlots car elle se compose de deux zones. Près du bureau de l’enseignant, est installée une zone d’accompagnement renforcée (où les tables sont disposées en U) qui rappelle la table d’appui de l’école primaire. Dans le fond de la classe, une autre zone est aménagée en trois pôles c’est-à-dire un îlot de travail qui offre une modalité de travail spécifique et/ou un mobilier particulier : le pôle calme, le pôle dynamique et le pôle élastique.

Dans la classe flexible, les élèves se déplacent pour s’installer car tout le mobilier est fixe : ils travaillent seul ou en petits groupes avec un degré d’autonomie plus ou moins important. Plus les élèves s’éloignent de la zone U, plus ils sont en autonomie.
Cécile Baraton, professeure principale d’une classe de sixième, initie les élèves à cette nouvelle modalité de travail en vie de classe. Elle insiste sur le fait que la réussite de la classe flexible repose sur l’appropriation progressive de la classe et de son fonctionnement par les élèves. La transition pour les élèves entre la classe ordinaire et la classe flexible est parfois facilitée par le fait que certains élèves ont déjà expérimenté ce fonctionnement dans le premier degré. Dans un premier temps, “les élèves vont apprendre à se déplacer vers les pôles, tester le mobilier, les fidgets et s’approprier leur rôle”, explique l’enseignante. Elle prend le temps en début d’année pour présenter le mobilier et pour expliquer comment et pourquoi on utilise un fidget afin d’éviter que l’élève l’utilise comme un jouet.
 
Une séance de cours en classe flexible a pour objectif de proposer aux élèves différentes modalités de travail. Lors de la mise en activité, chaque élève choisit lui-même dans quel pôle il va s’installer et donc comment il va travailler. Les élèves qui se sentent en difficulté s’installent dans la zone U pour bénéficier de l’aide du professeur ou de ses pairs. Cécile Baraton se donne le droit d’encourager les élèves à quitter cette zone pour qu’ils prennent confiance en eux. C’est lors de ce déplacement que l’élève, s’il en éprouve le besoin, va récupérer librement un fidget ou une assise flexible pour s’installer dans le pôle choisi. “En début d’année, il peut arriver que l’on fasse des rappels à l’ordre sur les déplacements ou les conflits dans le choix des pôles ou des assises mais cela reste rare dans les premiers jours d’expérimentation car les élèves s’approprient vite un pôle et des habitudes d’installation”, précise Cécile Baraton.
Les élèves qui travaillent en autonomie disposent d’une fiche intitulée “plan de travail”. La fiche rappelle des consignes générales comme la lecture attentive des consignes, l’ordre des activités à suivre mais elle donne aussi la possibilité de choisir entre deux itinéraires possibles. Quel que soit l’itinéraire choisi, l’élève travaille les mêmes compétences. Lorsqu’il termine son activité, il complète un bilan de compétences et de connaissances et corrige en autonomie son activité. Ce n’est qu’après avoir validation des compétences par le professeur que l’élève peut débuter une autre activité. En cas de difficulté, il peut accéder aux ressources de remédiation ou d’approfondissement en libre-accès. L’enseignante depuis la zone U a aussi la possibilité de voir si chacun avance ou si un élève demande de l’aide grâce à la carte Carr’aide.

La classe flexible tient compte du bien-être de l’élève grâce à la diversité du matériel et du mobilier mis à disposition. Elle favorise également son autonomie : l’élève a une posture active durant ses apprentissages et apprend à faire des choix. Le cadre reste bienveillant puisque l’élève peut revenir à tout moment sur son choix et a la possibilité de travailler à son rythme. Une enquête auprès des élèves de la classe flexible confirme l’adhésion des élèves pour ce dispositif. L’expérimentation de la classe flexible a suscité de plus en plus d’intérêt au sein de l’équipe pédagogique : certains s’interrogent sur leurs propres pratiques et cherchent à les modifier. “Les enseignants notent que les élèves ont gagné une vraie autonomie de cette pratique et la conserve les années suivantes en particulier dans le travail de groupe”, précise Cécile Baraton. En début d’année scolaire, Cécile Baraton se réunit avec les enseignants curieux de ce dispositif pour échanger sur les pratiques de la classe flexible et accueillent au sein de sa classe flexible durant l’année les enseignants de l’établissement mais aussi ceux du premier degré curieux d’observer leurs pratiques pédagogiques. Adeline Verger, enseignante en Anglais, vient récemment de rejoindre l’équipe engagée dans la classe flexible et profite de ces temps d’échanges : “Cécile Baraton tient un rôle formateur auprès de l'équipe : elle partage ses découvertes et nous guide dans la mise en place de la pratique flexible.” L’enseignante d’Anglais n’a pas changé du jour au lendemain sa pratique mais a choisi de s’approprier cette pédagogie de manière progressive comme “se fixer des objectifs simples et ne pas introduire tout le matériel, toutes les postures flexibles en même temps” ou “proposer une activité flexible de 10 minutes dans un premier temps” d’autant que l’on peut également rencontrer des déconvenues comme par exemple aménager une salle de classe étroite en classe flexible.
Adeline Verger note une réelle plus-value de cette pédagogie pour l’enseignement d’une langue vivante : “les différents pôles permettent la conduite simultanée de la pratique de différentes compétences de langue au sein d'une même séance et les élèves sont physiquement plus éloignés les uns des autres, les échanges en interaction bien plus naturels.”
L’enseignante d’Anglais a poursuivi sa réflexion personnelle en introduisant des outils numériques dans les espaces collaboratifs comme la tablette ou les MP3 pour faire travailler l’oral en autonomie. L’enseignante de langue note que l’implication des élèves via les “métiers” leur inculque une certaine culture de l’engagement : les élèves participant aux commissions CVC, à l’action des Éco-délégués ou aux différents clubs sont à majorité issus de ces classes.

Aujourd’hui, le collège compte trois salles aménagées en classe flexible. Ce sont désormais les équipes pédagogiques de trois classes, deux sixièmes et une cinquième qui s’engagent pleinement dans ce dispositif en histoire-géographie, en mathématiques, en français et en Anglais. Les classes sont également occupées pour optimiser le dispositif des Devoirs faits. L’établissement vient d’obtenir un fonds d’aide du dispositif “notre école faisons là ensemble” qui va permettre à l’établissement de développer le dispositif sur d’autres classes mais aussi de faire l’acquisition d’un nouveau matériel informatique. L'équipe pédagogique amorce une réflexion sur l'évaluation de leur dispositif.
 
auteur(s) :

N. Belkheir

contributeur(s) :

C. Baraton, Collège Olivier Messiaen - Mortagne-sur-Sèvre 85

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