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scénariser les savoirs : genèse et mise en œuvre

La genèse de toute cette réflexion pédagogique

Toujours en recherche de nouveautés pour sa pratique, Cécile Lacôte-Coquereau a progressivement permis à son enseignement de prendre en compte les besoins et compétences des élèves pour que les contenus enseignés prennent sens et intérêt. Si les disciplines professionnelles trouvent assez spontanément intérêt pour ces lycéens, certains champs disciplinaires exigent davantage de stratégiques pédagogiques.
Cette enseignante a d’abord investi un mur, puis deux, d’une salle de cours qui lui était régulièrement attribuée, puis ce sont les murs des couloirs et des ateliers professionnels qui sont devenus d’utiles supports pour des galeries photos. Les cours ont commencé à s’exporter hors de la salle de cours pour immerger les élèves dans un bain d’apprentissages avant même leur entrée en classe. Petit à petit, cet ambitieux projet d’enseignement s’est prolongé par un ajout de matériel et d’espaces : le couloir devient un lieu invitant à la découverte de l’énigmatique contenu de la séance à venir ; la porte devient support d’affiches annonçant la thématique ; la salle devient une mappemonde dans son ensemble.
Le principal objectif est de développer une impression de cocon culturel, dénué de tout parasitage émotionnel du quotidien, parfois difficile pour ces élèves. La classe devient un lieu différent, avec ses îlots d’informations, avec ses pôles sensoriels. “J’ai voulu créer un lieu accueillant, ritualisé, aux espaces définis et symboliques, un lieu qui apporte un sentiment rassurant de reconnaissance, de repérage. Chacun peut y trouver sa place, ce lieu n’est pas atone, indifférent, similaire aux autres salles” explique Cécile Lacôte-Coquereau. En cela, la salle de cours se différencie de toute salle dite normalisée car, avant l’entrée des élèves, elle subit un relooking spécifique où les contenus de la séance sont exposés comme des œuvres d’art dans un musée.
Aujourd’hui, Cécile propose en plus, de façon ritualisée, un thème musical qui constitue le fil rouge de la séquence et facilite des stratégies de mémorisation auditive : ce thème musical, en lien thématique, va accompagner les élèves tout au long de la séquence jusqu’à l’évaluation sommative. Il ne s’agit pas exclusivement de mettre en œuvre le Parcours d’éducation artistique et culturel (PEAC) dans son enseignement : il s’agit d’abord d’un support favorisant la mémorisation, “à la manière de la petite madeleine de Proust”, ajoute Cécile.
Depuis peu, cette enseignante propose à ses élèves des séances de relaxation en stratégies yoga, inspirée de l’association RYE (Recherche sur le yoga dans l’éducation) pour aider les élèves à mieux se concentrer et à retrouver plus efficacement les informations stockées dans leur mémoire.
Cécile veut provoquer la curiosité et des besoins chez ses élèves, avec l’espoir de leur permettre de s’accomplir dans ce lieu d’apprentissages, de développer un sentiment de compétence et de faire confiance à leur mémoire.
Partie d’une réflexion portant sur l’aménagement des espaces pour que les élèves se projettent plus rapidement dans la séquence et en deviennent acteurs, elle a fait évoluer cette réflexion et axe maintenant sa pratique sur tout ce qui peut diversifier les entrées sensorielles pour mieux intégrer les contenus abordés et aider ses élèves à vivre les apprentissages. C’est par exemple le cas pour ouvrir une séquence sur les dangers de la science.
Aujourd’hui, les élèves adhèrent à ce projet, attendent les promesses des séances à venir : ils ont compris que le savoir les attend pour exister.

En quoi consiste une scénarisation des savoirs

Toute la classe répond à une logique de mise en scène des savoirs, notamment l’espace central avec ses différents pôles : au sol, trois îlots d’un bleu marin, disposés comme un archipel : un globe terrestre, les sabliers du temps de Chronos, la Tour de Babel des dictionnaires. Chacun de ces pôles a son utilité : le globe terrestre pour se repérer dans l’espace mondial, les sabliers pour délimiter la durée des travaux en groupe, les dictionnaires pour trouver des informations.
À cela s’ajoutent d’autres pôles directement reliés, eux, aux contenus de la séquence. On peut donc trouver une fleur odorante, un chef d’œuvre pictural entre autres éléments. L’atmosphère de la classe est également concernée : les stores peuvent être descendus pour plonger chacun dans l’obscurité, un fond musical peut accompagner l’agencement de cet espace, etc.
Tout est pensé pour offrir une diversité d’approches dans laquelle les cinq sens sont mis à contribution : la classe est un lieu où le savoir se voit, se sent, s’écoute, se touche, se goûte. Cette scénarisation des savoirs consiste à lister des ressources diverses, liées aux cinq sens, puis à imaginer comment les répartir dans la séquence, les articuler entre eux, les placer dans l’espace.

Pour bien comprendre comment s’ouvre un module d’apprentissage prenant en compte les cinq sens, l’exemple d’une séquence sur le rêve montre tout le travail effectué en amont pour que les contenus à venir intègrent un scénario pédagogique. Avant d’entrer en classe, les élèves découvrent une affiche qui invite à un voyage onirique. Lorsqu’ils entrent ensuite dans la classe, c’est l’obscurité totale qu’ils constatent tout en percevant un fond musical. On n’entre pas dans un cours de français mais dans une énigme qu’il faudra résoudre : pourquoi cette ambiance ? Que va-t-on y découvrir ? Qu’aurons-nous à faire et à retenir ? Un peu plus tard, lorsque la lumière se fera sur ce projet, les élèves découvriront une orchidée, une malle, quelques livres (certains reprennent des œuvres : Magritte et le douanier Rousseau entre autres, d’autres présentent des poèmes). Progressivement, les élèves vont comprendre comment les rêves sont devenus source d’inspiration pour un écrivain, pour un sculpteur ou encore pour un peintre et qu’ils peuvent aussi le devenir pour un jeune de lycée professionnel. Cette mise en scène d’accroche doit être percutante car cette entrée en matière conditionne la réussite de tout le déroulement de la séquence qu’elle ouvre.
In fine, les élèves vont explorer des rêves d’artistes et d’auteurs avant de produire eux-mêmes. Cette production prendra plusieurs formes : participation personnelle ou collégiale, travaux de groupes, écrits personnels, élaboration d’affiches, création d’un artbook, lectures à plusieurs voix de textes, etc.

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