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scénariser et “sensorialiser” les savoirs en lycée professionnel

mis à jour le 03/04/2019


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Lorsque l’on enseigne, il est légitime de se demander comment intéresser des adolescents parfois attentistes au cœur de la classe, comment renouveler les appétences, la curiosité des élèves, la mémorisation. En lycée professionnel, cet enjeu devient crucial pour intéresser les jeunes à des disciplines a priori éloignées des centres d’intérêt professionnels, afin de “ne laisser personne au bord du chemin”. Une enseignante de lycée professionnel, Cécile Lacôte-Coquereau, construit ses séquences de français ou encore d’histoire en métamorphosant l’espace de la classe. Celui-ci devient une scène dont les élèves sont les acteurs. En prenant également appui sur une approche sensorielle et sur des apports artistiques, elle offre à ses élèves un autre regard sur les contenus scolaires.

mots clés : échanger, sens apprendre, mémoriser, lycée, scénariser


Enseignante de lettres-histoire depuis dix ans au lycée professionnel Pierre et Marie Curie de Château-Gontier en Mayenne, Cécile Lacôte-Coquereau a souvent été confrontée à ce questionnement pédagogique, constatant une mésestime, une perte de confiance, parfois dus à un faible intérêt pour les disciplines qu’elle enseigne (français, histoire, géographie, enseignement moral et civique).
Persuadée de l’importance et de l’impact de l’espace, elle s’est d’abord emparée des supports contextuels, prioritairement visuels, pour favoriser les apprentissages : couloirs, porte d’entrée, murs, éclairage, etc. En prolongeant sa réflexion, elle en est arrivée à se demander quelle présentation sensorielle des savoirs organiser dans l’espace-classe pour favoriser la mémorisation.
En réponse à ce questionnement, elle a donc imaginé de scénariser chaque séquence et de transformer l’espace de sa classe par une mise en scène sensorielle.
Cécile Lacôte-Coquereau a toujours cherché à intéresser ses élèves, à trouver des réponses aux questions sur le manque d’investissement de certains élèves, sur les difficultés qu’ils éprouvent à retenir le travail effectué en classe. Personnellement curieuse d’innovations pédagogiques, elle souhaitait pouvoir proposer à ses élèves de lycée professionnel un enseignement prenant en compte les arts.
Avant de bénéficier d’une salle individuelle, Cécile privilégiait une ou deux salles majoritaires dans son emploi du temps pour mettre en place de premiers aménagements. Progressivement, elle a investi un mur, puis deux, elle a mis en place des galeries photos dans les couloirs et les ateliers professionnels. Prise par l’élan ambitieux d’enrichir constamment son enseignement, elle a fini par coordonner ses différents aménagements en leur donnant une cohérence ; c’est ainsi qu’est né et qu’a évolué son projet de scénarisation des savoirs.
Avant même d’entrer en classe, les élèves sont invités à s’interroger sur l’énigmatique affichage de la porte : que vont-ils découvrir dans la classe ? Quels contenus leur enseignante a-t-elle mis en scène ?
 
L’espace-classe est métamorphosé en un étal sensoriel recevant des savoirs que l’on va découvrir en les respirant, en les goûtant, en les observant, en les écoutant, en les touchant. Au cœur de la salle, le savoir est exposé, attendant d’être apprécié, juste à côté de trois pôles constants : un globe terrestre, les sabliers du temps de Chronos, la Tour de Babel des dictionnaires. L’espace, le temps, les savoirs guident les élèves dans cette appropriation.
C’est toute une scénarisation des savoirs autour des cinq sens que prépare l’enseignante pour que chacun puisse s’imprégner, au sens piagétien des savoirs.
 
Sur le principe des cinq sens au quotidien, Cécile Lacôte-Coquereau construit dans chaque séquence ce qu’elle nomme “une synesthésie des cinq sens et du sens”. Lorsqu’elle imagine une séquence, elle doit déterminer comment questionner chacun des sens et quels supports elle peut offrir à ses élèves. C’est ainsi que les œuvres d’art deviennent des supports pédagogiques intéressants, puisqu’il s’agit de supports sensoriels (sculpture, peinture, musique…). La présence de tableaux, de sculptures ou encore de poèmes est, de fait, légitime dans cette classe.
 
Par les scénarios construits autour d’une synesthésie musicale, florale, visuelle, olfactive et gustative, elle a voulu développer chez ses élèves “un bouleversement sensoriel” avec pour finalité de faciliter la mémorisation des nouvelles notions. Rapidement, elle a pu observer un engagement physique de ses élèves et une meilleure mémorisation des contenus abordés lors des séquences. Nourrie de nombreuses lectures sur les récentes recherches scientifiques sur la mémorisation sensorielle, sa réflexion pédagogique prend appui sur le corps de l’élève en tant que sensibilité à enrichir par une appropriation sensorielle des contenus.
 
Pour aider les élèves à retrouver les contenus qu’il fallait mémoriser, l’enseignante propose à toute sa classe un temps de relaxation avant l’évaluation qui va suivre. Il s’agit d’abord pour elle de mettre en confiance les élèves, de les aider dans l’étape de récupération des informations stockées par la mémoire, de dédramatiser ce temps d’évaluation en l’abordant plus sereinement. Une vidéo commentée montre comment ses élèves s’emparent de cette activité de relaxation et se laissent inviter à interroger leurs sens pour que s’opère efficacement le rappel des données mémorisées.
 
Les élèves de lycée professionnel ont besoin de reconnaissance et d’exigence, au même titre que les lycéens de filières générales. Il faut oser l’ambition dans les choix culturels qui leur sont proposés. Cécile Lacôte-Coquereau en est consciente, et c’est même un des conseils qu’elle donne à tous ceux qui voudraient, comme elle, mettre en œuvre une pédagogie s’appuyant sur les cinq sens ; d’où la présence dans ses séquences de Proust, de Vélasquez, de Tchaïkovski, ... “S’ils doivent découvrir la musique classique à laquelle ils n’ont que rarement accès, parce que c’est une ouverture culturelle pour ces élèves, il faut s’en tenir à une musique sans parole pour ne pas perturber la mémorisation”, précise-t-elle.
Tout enseignant doit également être convaincu qu’il est essentiel de diversifier les approches sensorielles pour favoriser l’engagement et la mémorisation les élèves. Certes, il faut accepter de prendre du temps pour se documenter et faire évoluer sa pratique professionnelle, mais les bénéfices sont nombreux pour ces élèves, y compris ceux qui ont des besoins éducatifs particuliers, qui portent alors un regard différent sur les contenus abordés.
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

C. Lacôte-Coquereau , Lycée P. et M. Curie - Château-Gontier [53]

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