innovation pédagogique

Catherine Brouard, mère au foyer et femme d’enseignant, est la maman de trois enfants de 16, 14 et bientôt 12 ans. L’aîné est scolarisé en seconde au lycée Chevrollier à Angers, et les deux plus jeunes en quatrième et en sixième au collège public Maryse Bastié à Ingrandes-le-Fresne-sur-Loire, commune rurale de moins de 2000 habitants où la famille habite.

La première remarque porte sur les conditions matérielles. "Il a fallu s’organiser et partager le matériel informatique. Notre aîné disposait de l’ordinateur fixe car il avait pas mal de classes virtuelles et travaillait plus en autonomie. Il nous restait alors un ordinateur portable pour que mon mari puisse travailler et faire aussi quelques classes virtuelles, pour noter, recopier, imprimer chaque jour les devoirs (cinq cartouches d’encre en deux mois et demi) et pour que les enfants fassent les nombreuses activités en ligne ou nécessitant l’ordinateur."

De fait, même avec des coups de main de son mari, Catherine a trouvé que l’école à la maison l’occupait à plein temps en semaine, avec deux enfants qui, sans elle, auraient eu bien du mal à s’y retrouver et à suivre le fil du travail demandé, puis, une fois le travail fait, à assumer tout le travail de compression, de scanner et d’envois aux enseignants des différents devoirs (parfois plus d’une heure le soir).

Sur un plan plus pédagogique, C. Brouard a pu mieux comprendre les difficultés, les façons d’apprendre et de travailler de ses enfants, et en les accompagnant a pu les faire progresser, y compris dans des matières où ils avaient des faiblesses. Ainsi explique-t-elle : "J’ai pris le temps de comprendre comment fonctionnait mes enfants : quand le plus jeune était en difficulté devant une leçon, nous essayions divers outils, jusqu’à ce que ça marche. Ce pouvait être une carte mentale, puis une comptine, ou un jeu, parfois il fallait deux ou trois jours pour trouver la bonne entrée ; mais à la fin il avait vraiment appris quelque chose !". Elle a pu aussi donner un autre cadre et, par conséquent, un nouveau dynamisme à certains apprentissages en innovant elle-même à partir de la demande des enseignants. Faire de l’anglais pendant les repas en multipliant les interactions, revoir les tables via un jeu de cartes pour les deux collégiens, comprendre les classes de mots en relisant des extraits de La grammaire est une chanson douce d'Érik Orsenna, ou faire la séance de sport en famille.

Enfin, le fait d’être à la maison en famille a aussi permis d’adapter le rythme de travail au rythme de l’enfant, tant dans les horaires que dans les contenus des séances. Cette expérience a amené la famille à réfléchir à l’intérêt, notamment pour une ou deux matières où leurs enfants peuvent éprouver plus de difficultés, de poursuivre une forme d’alternance avec un peu d’école à la maison tout en gardant le lien avec l’enseignant de la matière concernée.