Aux portes ouvertes du collège, les élèves tricoteurs-brodeurs ont l'occasion de montrer leurs réalisations. Souvent, les visiteurs et parents restent bouche bée : "Je n'aurais pas imaginé que ma fille aurait pu faire ça !". Et, il y a de quoi. Du simple carré initial, les élèves ont terminé leur couverture collective, s'appliquant à coudre leurs productions les unes aux autres.
|
|
Chacun fournit application et patience à son ouvrage. Le pourtour façon dentelle a été réalisé par les petites mains en broderie. Pour l'occasion, cette technique pointilliste leur est également apprise. Au plaisir se mêle l'esthétisme, les élèves progressent dans leur confiance en eux et n'hésitent plus à prendre la parole pour communiquer sur leurs travaux. Les enseignants relatent le cas de plusieurs adolescents timorés, effacés jusqu'alors, qui s'expriment ce jour-là avec spontanéité. D'ailleurs, les questions des visiteurs sont nombreuses : combien d'heures, quelles aiguilles, quelle technique, quelle laine ? L'une en particulier suscite admiration et curiosité. Quelle matière est à l'origine de cet ensemble si original, un chapeau d'élégante et son écharpe comme emplis de confettis virevoltants ?
Quels fils conviennent le mieux aux points de broderie ? Faut-il des doigts particulièrement fins ? Certaines questions paraissent incongrues, mais la vue des travaux si apprêtés a de quoi surprendre, lorsque l'on a douze ans seulement.
Dès lors, les élèves s'appuient sur le vocabulaire technique qu'ils ont appris pour tenter d'expliciter au mieux leur démarche : aiguille de chat, jersey, mousse, côtes, quatre millimètres ou dix-sept... On veut même passer commande ! On s'extasie sur la layette de bébé, brassières et bonnets, tout en douceur. Pour ces productions minimalistes, les compétences à développer sont plus exigeantes encore : il faut une maille souple pour enfiler la tête du nourrisson, pas d'accrocs susceptibles d'irriter le cuir chevelu, pas de fil dépassant dangereusement sur le cou.
Certes, certains élèves offrent ces vêtements aux nourrissons de leur famille ou aux poupons des plus petits. D'autres vêtements de bébé se joignent au colis caritatif à destination du Maroc. Alors, on comprend l'émotion que transmet Mélisandre lorsqu'elle nous explique que ses bonnets serviront aux nouveau-nés d'un orphelinat. L'objectif de "donner de l'envie aux apprentissages, ne pas tricoter pour rien", semble bien atteint.