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tricoter côtes à côtes

mis à jour le 28/02/2014


echanger dossier 2

Et si, d'une activité d'apparence obsolète, le tricot, naissait un atelier foisonnant aux mille mailles où des collégiens et des enseignants se pressent et s'épanouissent ? Détails d'une activité sur le fil, où le temps s'arrête en une oasis apaisante.

mots clés : échanger, atelier pluridisciplinaire, collège, tricot, intergénérationnel, solidarité, travaux manuels, apprentissage, accompagnement personnalisé


u collège Les Fontaines, niché à Thouarcé au milieu des vignes ligériennes, on ne manque pas de culot, ni d'idées. À la rentrée 2012, Mauricette Girault, enseignante de technologie, souhaite revisiter le schéma traditionnel du temps scolaire et de la relation de l'apprenant à l'enseignant. Enseignante expérimentée, elle remarque que les élèves jonglent d'un cours à l'autre sur la fiche marathon de leur emploi du temps, et qu'elle-même ne prend guère le temps de discuter paisiblement avec eux, au sortir de sa salle de cours. Pourquoi alors ne pas créer une "bulle temporelle" où le cadran de l'horloge s'arrêterait un instant dans un cocon de douceur pour tous, enseignants et élèves ? Une oasis où la parole pourrait se développer en toute liberté ? Audacieuse, elle propose à tous les élèves volontaires un accompagnement très original pour ralentir la course : un atelier tricot ! En septembre, une modeste affichette placardée devant la vie scolaire annonce sa mise en place, tous les vendredis midi, de 12 heures 45 à 13 heures 30, en salle de technologie. Autour d'elle, quelques sourires sceptiques s'ébauchent : cette activité semble bien surannée à l'époque des tablettes et autres joujoux numériques. Quelques moqueries fusent : quels élèves pourraient s'y intéresser ? D'ailleurs, c'est à mi-mots que cette passionnée des aiguilles confie son projet au principal du collège : permettre à l'élève de créer avec ses mains, d'être valorisé dans une activité manuelle, de rêver tranquillement à d'intimes créations textiles, d'être accompagné individuellement dans cet apprentissage inconnu. Un peu surpris, Lionel Letouzey s'interroge sur le succès de ce club atypique, d'autant qu'une dizaine d'ateliers est déjà proposée aux élèves sur les créneaux méridiens. Mais après tout, "pourquoi pas" ? Aussi soutient-il l'atelier baptisé : "petites mains et points comptés".

Combien de petites mains ?

Le 5 octobre, à l'heure fatidique, Mauricette Girault, un peu anxieuse, est accompagnée de deux comparses tricoteuses, enchantées par l'idée de ce projet : Katia Le-Tennier et Élisabeth Macault, professeures de français. La salle est prête, installée. Soucieuses de modifier l'organisation spatiale d'une salle de cours pour changer les repères scolaires des élèves, les enseignantes ont créé plusieurs espaces communs, composés chacun de quatre petites tables individuelles. De cette manière, la communication visuelle des adolescents face à face est favorisée. Par ailleurs, l'espace large ainsi obtenu sert à déposer aiguilles diverses et pelotes de laine multicolore. Clairement, même si certains collégiens retrouvent un de leurs  professeurs, la configuration spatiale n'est plus celle d'un cours traditionnel. Lors de l'atelier tricot, les enseignantes veulent créer "un espace d'apaisement". Mais les élèves répondront-ils présents ? On frappe, des visages apparaissent derrière la vitre, timidement, d'abord ; les adolescents entrent : deux, puis trois, puis cinq, puis neuf, puis... contre toute attente, c'est la cohue ! Les enseignantes peinent à comptabiliser les volontaires. Trente-deux inscrits, vingt-sept filles et cinq garçons ! Comment faire ? Aucune n'a prévu un tel succès, et les chaises proposées ne peuvent suffire. Or, l'atelier se donne pour objectif le bien-être de chacun, par le biais d'un accompagnement individualisé, envisageable seulement en petits effectifs. Soit ! L'on crée deux groupes, le premier débutant d'octobre à janvier et le second prenant le relais jusqu'à la fin de l'année scolaire. Pour ne pas décevoir les candidats du deuxième groupe, l'une des enseignantes leur propose, dès la semaine suivante, la mise en place d'un atelier broderie qu'ils acceptent avec plaisir. Les deux salles d'initiation au tricot et à la broderie sont attenantes, la communication est facilitée entre les deux groupes. Aucun ne se sent frustré. De la sorte, chacun signe la liste de présence et s'engage à faire preuve d'assiduité, condition sine qua non de l'inscription. En effet, Mauricette Girault souhaite redonner toute sa valeur à la notion de "persévérance", gage de réussite et de progression personnelle.

Tisser des mots

Sur la table centrale, sont disposées plusieurs pelotes dans lesquelles des aiguilles de tailles différentes sont plantées. Les quatre premiers rangs, les plus difficiles à effectuer pour des néophytes, sont déjà tricotés. Les enseignantes s'en sont chargées au préalable afin de pouvoir débuter leurs explications avec succès. Il n'est pas question de décourager les élèves à la première difficulté, au contraire ! Pour la première séance, c'est le point mousse, le plus facile. Toutes les boules de laine ont été récoltées grâce à la générosité de donateurs. Qui un particulier débordé ne trouvant plus le temps de s'adonner à l'art des aiguilles, qui un magasin faisant don d'anciens modèles, qui des anciens ne possédant plus la dextérité nécessaire. Pour l'heure, les cent euros alloués par l'établissement au fonctionnement des ateliers du midi n'ont aucunement été dépensés. À chaque fois, le matériel recueilli est synonyme d'histoire personnelle, de dialogue. Déjà, on s'autorise la conversation, on se raconte. On n'offre pas sa laine comme on se débarrasse d'une brouette. Du côté des collégiens, la récolte n'est pas vaine non plus, chacun est associé pour saisir l'enjeu collectif. On fouille dans les armoires, on vide les greniers poussiéreux. Pour certains, ces quelques fils de laine permettent de renouer la conversation avec leur grand-mère ; l'atelier tricot devient créateur de liens intergénérationnels. Le mercredi après-midi, ces adolescentes découvrent et écoutent les histoires d'un autrefois nostalgique où l'on reprisait chaussettes et moufles avant l'hiver. Trois générations s'échangent conseils techniques et gestes inoubliés. Là où le dimanche, raconte une jeune fille, on peinait à aligner trois phrases en famille autour de la météo, on bavarde "points mousse" des heures durant. De grand-mères à petites-filles, on se donne désormais un rendez-vous hebdomadaire, on sort de l'ennui. Entre les jeunes et les enseignantes, c'est aussi l'occasion d'un dialogue inhabituel. "Mon arrière-grand-mère était couturière et brodeuse. C'est merveilleux !", s'exclame fièrement Lucile. Une relation de proximité se met en place. Pour les adolescents, ce langage fraîchement développé instaure une nouvelle relation à l'adulte. Des élèves réservés se mettent à discuter en confiance, la prise de parole ne leur fait plus peur, ils s'expriment même avec volubilité ! Ces mots de partage font réfléchir les professeures qui décident de proposer aux élèves de s'engager dans un acte solidaire.


Point après point vers une œuvre collective

En partenariat avec l'association "Promesses d'avenir, graines de sourires" 1, chacun des élèves va tricoter un ou plusieurs carrés de laine, de façon à constituer une couverture collective à destination de la province de Khouribga, au Maroc. Là-bas, les distributions s'effectuent dans les écoles, crèches, orphelinats, maternités, hôpitaux, dispensaires. Au cœur de l'atelier tricot, c'est l'occasion de revenir sur les notions de citoyenneté, de solidarité, d'engagement citoyen. Pour Sophie Marie, AVS (Aide de vie scolaire) au collège et tricoteuse-brodeuse de talent, "l'idée est de donner du sens aux apprentissages, ne pas tricoter pour rien". Au début, les adolescents s'inquiètent de ne pas réussir leurs premiers points. Or, "l'avantage du tricot, selon la porteuse du projet, c'est que cela va forcément aboutir". Devant les élèves attentifs, celle-ci montre en exemple comment enfiler la laine pour obtenir une maille en mousse. Une fois, deux fois, trois fois, il faut prendre le temps. L'enseignante revendique cette lenteur temporelle où la concentration s'associe au silence. "L'oasis temporelle" se tisse délicatement. Il faut respecter la matière, savoir doser la force de ses doigts, sans tomber dans la brusquerie. D'ailleurs, Mauricette Girault explique en aparté combien la douceur de la laine et l'aspect gratifiant de la création manuelle sont aujourd'hui réutilisés pour leurs vertus thérapeutiques en milieu médical : quatre-vingts pour cent des activités proposées en maison de convalescence contre la dépression sont des travaux manuels. Tricoter devient source de rééquilibrage, le toucher sur cette matière douce étant particulièrement sollicité. On apprend aussi que le tricot est conseillé pour développer dextérité et patience. Ainsi, on demande aux futurs étudiants en chirurgie de tisser et ne pas casser le fil de laine, à la fois souple et fragile, telle une métaphore de l'existence. Ces consignes, au départ, en déroutent plus d'un, habitué au zapping vociférant des gadgets technologiques et au brouhaha de la cour de récréation. Pour d'autres, au contraire, cet apaisement est le fondement même de leur présence à cet atelier. L'un des garçons du club, Mathias, explique ainsi son engouement : "Au premier atelier, j'ai vu que c'était tranquille, relaxant. C'est cela qui m'a plu". Et lorsqu'on l'interroge sur la mixité de cet atelier, il s'affirme clairement : "Le regard des autres, je n'en ai rien à faire".
 

Progresser côte à côte

Parallèlement à ces explications, les professeures se positionnent à hauteur et aux côtés des élèves pour leur montrer au plus près la tenue des aiguilles. Les barrières entre l'apprenant (assis) et l'enseignant (debout) disparaissent. Parfois, les enseignantes se placent même derrière et les accompagnent dans leur geste en leur tenant les mains. "Comme il s'agit d'une posture inhabituelle de la part des enseignants, précise Katia Le-Tennier, nous leur demandons toujours l'autorisation avant : Puis-je te montrer de cette manière ?". Le tricot engage un placement corporel réfléchi et les conseils en ce sens abondent : "Baisse tes épaules, descends ton tricot, va moins vite, passe doucement la laine entre tes doigts, desserre tes mains". En plus d'un langage technique à maîtriser, il s'agit d'un espace corporel respiratoire. Les professeures insistent sur la nécessité de circuler, s'asseoir à côté des élèves, se mettre à leur hauteur. L'atelier tricot autorise un autre regard sur l'enseignant, plus simple, plus facile. Il intime une communication individuelle, chaque élève possédant ses propres gestes techniques, ses choix de vêtements à tricoter, ses aspirations personnelles. Là encore, l'élève énonce des mots de choix, d'envie, de modèles. Il argumente. Très vite, les adolescents évaluent leurs progrès. Cette prise de confiance améliore leur dextérité. Lorsqu'on interroge Sylvain, douze ans, sur ce que lui apporte le tricot, il répond tout de go, sourire aux lèvres : "J'étais maladroit, en mathématiques, je n'arrivais jamais à tracer des traits droits. Maintenant, j'y parviens, je suis plus habile". Selon l'initiatrice, le tricot a cette vertu de faire ressortir dans l'élève son maximum de créativité. Elle évoque d'ailleurs les progrès incontestables des participants (plus deux points en moyenne dans son cours de technologie). Le sentiment de réussir quelque chose avec ses mains, "ça débloque", dixit Irène, treize ans !

Laines et technologie, sœurs ennemies ?

Ne sous-entendez pas à l'oreille de nos tricoteuses que leurs méthodes d'apprentissage datent du temps jadis. Prendre le temps ne rejette pas, loin s'en faut, l'association des outils modernes à bon escient. Dans la salle, à côté des tables centrales, plusieurs ordinateurs sont allumés durant les séances. Effectivement, dans un deuxième temps après l'explication et la démonstration sur la technique du jour (mousse, jersey, côte...), les élèves regardent des vidéos dédiées au tricot sur YouTube, en accès gratuit. D'environ deux minutes, ces vidéos exposent en détails, mais avec simplicité, les étapes pour progresser. Oeuvre d'une ancienne professeure de mathématiques, ces montages audiovisuels s'expriment à la première personne afin d'engager plus directement l'apprenant. Par ailleurs, la caméra positionnée en haut de l'épaule filme en plongée les doigts et les aiguilles en gros plan de façon à pouvoir reproduire le geste en simultané. Détaillant chaque geste avec lenteur (comment placer l'index et le majeur, le passage du premier fil...), elle facilite la compréhension. Chaque geste est répété à deux reprises. Interrogée par l'équipe de l'atelier tricot pour le droit à diffusion de son site, celle-ci s'enthousiasme : "Bravo ! Ça me fait d'autant plus plaisir de voir que mes vidéos servent pour des initiatives comme la vôtre". La transmission de savoirs se diffuse de la laine à la Toile virtuelle. Gagnant en autonomie au fil des semaines, les élèves peuvent visionner d'eux-mêmes la séance vidéo correspondant à leur problématique du jour : montage rapide des mailles, montage normal des mailles, point mousse, arrêt des mailles, point jersey, création d'un bonnet. Un élève plus expérimenté prend souvent le relais sur l'enseignant pour accompagner un néophyte, ravi de l'occasion de montrer sa compétence. Il devient tuteur et doit à son tour prendre la parole pour guider le nouveau venu. Les plus timides observés en cours sortent de leur mutisme. Lucile, véritable orfèvre des mailles, s'exclame sans complexe : "Ce qui me plaît, c'est d'expliquer comment construire de belles choses que même les grandes personnes ne savent pas faire".

Petit bonnet et bas de laine

Aux portes ouvertes du collège, les élèves tricoteurs-brodeurs ont l'occasion de montrer leurs réalisations. Souvent, les visiteurs et parents restent bouche bée : "Je n'aurais pas imaginé que ma fille aurait pu faire ça !". Et, il y a de quoi. Du simple carré initial, les élèves ont terminé leur couverture collective, s'appliquant à coudre leurs productions les unes aux autres.




Chacun fournit application et patience à son ouvrage. Le pourtour façon dentelle a été réalisé par les petites mains en broderie. Pour l'occasion, cette technique pointilliste leur est également apprise. Au plaisir se mêle l'esthétisme, les élèves progressent dans leur confiance en eux et n'hésitent plus à prendre la parole pour communiquer sur leurs travaux. Les enseignants relatent le cas de plusieurs adolescents timorés, effacés jusqu'alors, qui s'expriment ce jour-là avec spontanéité. D'ailleurs, les questions des visiteurs sont nombreuses : combien d'heures, quelles aiguilles, quelle technique, quelle laine ? L'une en particulier suscite admiration et curiosité. Quelle matière est à l'origine de cet ensemble si original, un chapeau d'élégante et son écharpe comme emplis de confettis virevoltants ?



Quels fils conviennent le mieux aux points de broderie ? Faut-il des doigts particulièrement fins ? Certaines questions paraissent incongrues, mais la vue des travaux si apprêtés a de quoi surprendre, lorsque l'on a douze ans seulement.

Dès lors, les élèves s'appuient sur le vocabulaire technique qu'ils ont appris pour tenter d'expliciter au mieux leur démarche : aiguille de chat, jersey, mousse, côtes, quatre millimètres ou dix-sept... On veut même passer commande ! On s'extasie sur la layette de bébé, brassières et bonnets, tout en douceur. Pour ces productions minimalistes, les compétences à développer sont plus exigeantes encore : il faut une maille souple pour enfiler la tête du nourrisson, pas d'accrocs susceptibles d'irriter le cuir chevelu, pas de fil dépassant dangereusement sur le cou.

Certes, certains élèves offrent ces vêtements aux nourrissons de leur famille ou aux poupons des plus petits. D'autres vêtements de bébé se joignent au colis caritatif à destination du Maroc. Alors, on comprend l'émotion que transmet Mélisandre lorsqu'elle nous explique que ses bonnets serviront aux nouveau-nés d'un orphelinat. L'objectif de "donner de l'envie aux apprentissages, ne pas tricoter pour rien", semble bien atteint.

Savoir lire entre les lignes

Au-delà des espérances des professeures, les élèves progressent à grandes enjambées. Tant et si bien que, sur l'une des tables de l'atelier, les enseignants mettent à disposition plusieurs magazines de tricot. Les plus hardis s'en emparent en vue de réaliser des vêtements plus complexes. Ils s'escriment à déchiffrer leurs premiers patrons : pas facile ! Selon le modèle ciblé par chacun, l'enseignante décrypte les sigles et codages universels, propres à l'univers des aiguilles. La lecture des abréviations se fait, accompagnée par l'enseignante, et engage des compétences d'abstraction de l'espace : comment lit-on un plan ? Comment traduire un diagramme pour la broderie ? Qu'évoquent l'index et le glossaire ? Quelles informations légales apporte une étiquette ? Sur l'autel de la pelote de laine défilent des capacités transversales et un vocabulaire spécifique. On développe les calculs mathématiques pour l'échelle des mensurations, respectant les proportions entre stature, tour de poitrine, hanches. On mémorise les abréviations communes (aig = aiguilles, emman = emmanchures, DB = double bride, aux = auxiliaire), on améliore son registre de langue (voir annexe). On apprend des codages, aiguisant précision et acuité visuelle. Selon Sophie Marie (AVS), pour des élèves en grande difficulté, les premiers pas vers ces livres pratiques, (au-delà de savoir réaliser un kit en crochet !), sont parfois ceux des prémices vers la lecture. Ainsi les tricoteuses adultes deviennent-elles des guides plus implicites vers des savoirs essentiels. Après l'atelier, certains élèves souhaitent emporter leur ouvrage chez eux pour le poursuivre à la veillée et en discuter avec leurs proches. Pour combler ces attentes légitimes, des consignes de sécurité très spécifiques sont mises en place. Les apprentis ne peuvent emmener leurs tricots qu'à la fin des cours, sans circuler dans la cour avec. Les aiguilles sont obligatoirement plantées vers le bas dans les pelotes de laine, sans risque de s'en échapper. Enfin, les travaux sont soustraits à la vue d'autrui, l'ensemble se trouvant enfermé dans un sac opaque. Il s'agit ici de conjuguer confiance, engagement et respect des règles de sécurité. Les tricoteurs et tricoteuses peuvent poursuivre leurs rangées sereinement, sur leur temps personnel.

Mixité des fils et filles

Tricoteuses adultes, avons-nous dit ? Ce serait oublier leurs comparses masculins, un peu dans l'ombre, mais plus pour longtemps. Au printemps, l'atelier tricot accueille Christophe Chemery, professeur de mathématiques, pour une démonstration très particulière : le tricot à mains nues, sans aiguille. Cette technique de tricotin s'effectue avec de la grosse laine entremêlée entre les doigts. C'est une activité très relaxante qui permet de produire des bandes de laine qui peuvent ensuite être cousues entre elles. L'avantage est que cette technique peut être réalisée par de jeunes enfants, ou bien lors de sorties scolaires (pour occuper de longs trajets...) sans risque de se blesser ! Au programme : chaussettes, gants, le tout sans artifice ni nécessité d'accessoires. Pour l'enseignant, c'est l'opportunité de mettre en valeur et partager un savoir-faire peu commun. Pour les élèves, cela montre qu'à une époque, tricoter n'était pas qu'un loisir, mais une ressource textile économique pour les plus modestes. Il recueille écoute et admiration des élèves face à la technique du tricotin à mains nues. Détente, quiétude, c'est tout à fait différent du cours de mathématiques, confie le professeur. Aux yeux de tous, jeunes filles et garçons compris, la présence d'un adulte masculin renforce la belle diversité de cet atelier sans complexe ni clivage. Lorsqu'il rend régulièrement visite à l'atelier, le principal, Lionel Letouzey, constate avec plaisir un jeu de mailles acharné, une ambiance sereine. Les enseignants n'apparaissent pas en tant que surveillants, mais participants à part entière. Suite à sa proposition, un garçon difficilement intégré a rejoint le club et s'y est trouvé des amis. La communauté d'intérêt (participer à un projet humanitaire) favorise l'intégration au groupe, quel que soit son âge, son sexe, son milieu social, son niveau scolaire. Après un semestre, les membres de l'équipe éducative sont passés de trois à six encadrants transdisciplinaires (technologie, français, mathématiques, AVS, sciences de la vie et de la Terre). Quant à la présence de garçons au club tricot, le principal revendique l'effet anti-cliché de cette activité. Décomplexé par le dynamisme de l'atelier, lui-même avoue désormais qu'il maîtrise le code des mailles depuis l'enfance. À l'époque, il a dû s'affirmer auprès du gynécée familial pour apprendre à tricoter. D'ailleurs, il constate qu'aujourd'hui encore, ce loisir n'est pas si évident à revendiquer pour un homme. Mais, c'est décidé, d'ici peu, je reprends les aiguilles ! Cette nouvelle ravit la porteuse du projet, avec la sensation, au fil de cette année, d'avoir pleinement accompagné et épanoui les élèves, de leur avoir ouvert les portes d'un nouveau langage porteur de sens et de promesses futures. Bien que les heures effectuées soient bénévoles, elle confie : J'ai reçu plus que j'ai donné. Persévérance, persévérance...


1. L'association se donne pour buts la collecte et l'acheminement de dons recueillis et de surplus de biens de production ou de consommation collectés en France afin d'être distribués aux enfants, jeunes et adultes les plus démunis.
 
auteur(s) :

C. Coquereau

contributeur(s) :

M. Girault, É. Macault, K. Le Tennier, S. Marie, L. Letouzey, Collège Les Fontaines, Thouarcé [49]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 463 Ko ;

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