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une palette d'expériences

mis à jour le 10/02/2011


echanger dossier 5

En novembre 2009, un salon des éditeurs sur le thème Histoire des arts a eu lieu à Saint-Nazaire. Organisée par le CDDP de la Loire-Atlantique et par les inspections de l'Éducation nationale du bassin de l'Estuaire, cette journée a permis de montrer les premiers travaux de classe, réalisés dans le domaine de l'histoire des arts. À partir de cette présentation, les conseillers pédagogiques ont pu enrichir la réflexion menée sur ce nouvel enseignement.

mots clés : échanger, pluridisciplinarité, formation, expérimentation, mise en œuvre


Dès la rentrée 2009, en prévision du salon des éditeurs, les conseillers pédagogiques ont sollicité tous les enseignants du bassin de l'Estuaire. Les thèmes choisis, À table, les géants ! pour les cycles 2 et 3, L'eau - le mouvement pour le cycle 1, ont incité une trentaine de classes du cycle 1 au cycle 3 à se lancer dans une séquence à dominante histoire des arts. Munis d'un dossier d'accompagnement (voir annexe) réalisé pour chaque cycle par les conseillers pédagogiques, les enseignants avaient toute liberté pour concevoir leur propre projet en s'appuyant ou non sur les pistes d'étude proposées. Celles-ci présentaient néanmoins d'intéressants exemples d'œuvres liées au thème dans les différents domaines de l'histoire des arts. Les enseignants étaient également invités à suivre la démarche en trois temps, proposée dans les documents officiels. D'abord, susciter une rencontre sensible avec l'œuvre, faire exprimer le ressenti, les impressions, questionner l'œuvre. Ensuite, faire office de médiateur afin de favoriser une réflexion autour de cette œuvre, des relations qu'elle entretient avec le monde, avec d'autres œuvres... Enfin, choisir une manière de garder en mémoire cette rencontre et cette réflexion sous une forme individuelle ou collective. Si les principes restent quasiment identiques de l'école au lycée, il y a bien évidemment une progression, non seulement dans la complexité des questionnements posés, mais aussi dans le temps à y consacrer. Ainsi, pour les cycles 1 et 2, aucun horaire n'est mentionné dans les textes, mais il convient de saisir toutes les occasions possibles pour associer l'histoire des arts aux enseignements fondamentaux. En cycle 3, il est précisé que vingt heures doivent être consacrées à cet enseignement dans l'année.

À table... sans les géants

Des élèves de CM1 et de CM2 de l'école du Guézy de La Baule ont travaillé à partir de la thématique de la table. Le tableau de Pieter Brueghel, Le pays de cocagne, a été le point de départ de la séquence dont l'objectif était de faire prendre conscience aux élèves de cette nécessité permanente qu'ont les hommes de s'exprimer de manière artistique, même sur un acte aussi banal que celui du repas. Afin de susciter un horizon d'attente, les élèves répartis en groupes ne disposent au départ que d'un fragment du tableau. À eux de formuler des hypothèses sur ce que peut bien représenter l'ensemble. Réunis en classe entière, chaque groupe expose ses hypothèses avant de découvrir l'œuvre. Les deux enseignantes racontent alors quelques éléments essentiels de la vie du peintre, et surtout, expliquent le mythe flamand du pays de cocagne. Puis chaque élève, muni d'un calque qu'il pose sur la copie du tableau, peut étudier la composition de cette peinture du XVIe siècle. À la suite de cette première découverte, c'est un corpus de textes, allant du XVIe au XXe et relatant des repas extraordinaires ou évoquant la nourriture, qui est proposé aux élèves. Après lecture, des recherches bibliographiques sont réalisées : un auteur différent dans chaque groupe, de sorte que l'affichage des recherches soit à nouveau un temps d'échanges. La séance suivante est consacrée à la projection du film Peau d'âne de Jacques Demy. Une discussion s'engage sur le film - sa composition, les personnages - et son rapport avec le tableau de Brueghel. Retour, alors, sur la scène du cake d'amour, sur le jeu des personnages et sur la musique de Michel Legrand. Après quelques recherches documentaires, les élèves préparent une affiche sur laquelle on peut voir bien sûr, entre autres choses, la recette du cake d'amour. Et puis dernière étape de cette séquence, une vidéo qui présente les créations de vaisselle de la manufacture de Sèvres et les spécificités de cette manufacture d'État. Un nouveau panneau est réalisé pour transmettre l'ensemble des informations recueillies. Le bilan est fait oralement et les enseignantes s'attachent à faire ressortir les liens entre les différentes œuvres rencontrées : en dépit de la diversité des formes d'expression et des changements d'époques, la nourriture est un thème qui occupe suffisamment l'esprit des hommes pour qu'ils aient envie de le représenter.

Que d'eau, que d'eau !

Le thème de l'eau est tout aussi connu des élèves de grande section de l'école Chateaubriand de Saint-Nazaire que celui de la table l'était des élèves baulois... ou tout au moins, le croyaient-ils ! Car pour leur enseignante, l'objectif principal de cette séquence est plus lié à l'art qu'aux sciences naturelles. Grâce à une approche sensorielle, le but est de créer un lien entre différents modes d'expression (musicale, corporelle, visuelle et littéraire) et différentes époques (le XIXe et le XXe). À partir d'une écoute répétée plusieurs fois des quatorze brefs épisodes du Carnaval des animaux de Saint-Saëns, puis plus particulièrement d'Aquarium, mais également de La truite de Schubert et de quelques chansons de la mer extraites du livre-cd Au fil des flots, l'enseignante a proposé toute une série d'activités. Mime d'animaux, expression corporelle sur la musique d'Aquarium, jeu de mémory, de 7 familles... Puis les élèves ont observé des photos de la mer, de vagues, de reflets, de fontaines, de poissons, de carnaval, avant de découvrir quelques œuvres d'art. Ces dernières étaient signées Monet, Signac, Kandinsky ou Matisse, pour les peintures, Escher ou Calder pour la gravure ou la sculpture. Toutes avaient un lien avec le thème. Des albums, des documentaires, des poésies (Poisson de Paul Éluard) sont venus enrichir l'imaginaire des élèves. Il ne leur restait plus alors qu'à se mettre au travail et c'est ce qu'ils ont fait. Les productions variées et oniriques témoignent qu'un message est passé : un élément tel que l'eau contient en lui-même tout un univers et multiples sont les représentations qu'en font les hommes. On voit, au travers de ces différents exemples, que selon l'âge et les objectifs que l'on s'est donnés, on peut privilégier l'aspect recherches et découvertes ou l'aspect créatif.
 Fluidité, transparence et mouvement...
Fluidité, transparence et mouvement...
 
Couleurs et aspects de la mer
Couleurs et aspects de la mer

Sortir du thème...

Cet enseignement est nouveau de par les grands principes qui le constituent, mais bien sûr, les enseignants du premier degré ne l'ont pas attendu pour inviter leurs élèves à découvrir l'art. Alors, comme pour tout changement, il faut parfois un peu de temps pour s'imprégner des nouvelles directives, et dans cet enseignement de l'histoire des arts, beaucoup de questions se posent. Comment éviter d'instrumentaliser les œuvres tout en réussissant à créer des liens entre différents domaines, l'histoire, la littérature ? Comment faire pour saisir toute occasion de provoquer une rencontre avec une œuvre sans tomber dans une forme de systématisme vide de sens... ? Parfois, le thème ressemble à un obstacle et c'est en partant d'une leçon que l'idée germe. Ainsi, toujours à l'école du Guézy, à La Baule, une enseignante de CM1 est partie de l'étude historique de la bataille de Roncevaux pour faire découvrir à ses élèves le peintre Henri Matisse. Au travers de lectures évoquant cette bataille, de découvertes de vitraux du Moyen Âge et du XXe, les élèves ont réfléchi à un fait historique, mais également à une pratique artistique très narrative qui a néanmoins évolué au fil du temps. Ils ont eux-mêmes réalisé des vitraux, avec pour contraintes de garder les choix de couleurs faits par Matisse pour la chapelle du Rosaire de Vence. Dans la même école, une enseignante en CE1 a fait travailler ses élèves sur la calligraphie de leurs prénoms, en passant par la découverte de peintures aborigènes et l'écoute d'une chanson de Zazie. Les idées ne manquent donc pas et la conseillère pédagogique arts visuels reste confiante malgré les questions que pose la mise en place de l'histoire des arts à l'école.

Une réflexion en cours...

En cette rentrée 2009, les recherches ou expérimentations menées en classe par les enseignants volontaires ont permis de sérier un certain nombre de questions. La première interrogation concerne la progression et le parcours artistique et culturel à construire durant la scolarité dans le premier degré. Ce qui implique également de faire des liens entre les pratiques artistiques et l'histoire des arts, sans tomber dans une dérive encyclopédique. Cet enseignement doit, par ailleurs, prendre une place réelle dans la mémoire collective et individuelle des élèves, alors, quelle mise en forme inventer ? Et puis bien sûr, il reste la question de l'évaluation ; comment l'envisager, sous quelle forme et avec quels critères? Pour accompagner les professeurs des écoles dans leurs recherches, les conseillers pédagogiques départementaux en éducation artistique, Bernadette Baglin et Stéphane Bizeul, ont proposé des fiches-guides (voir annexe). En reprenant le titre de chacune d'elles, les principes forts de cet enseignement apparaissent : se concerter, recenser les partenaires et les ressources, programmer, évaluer. Puis à l'intérieur de chaque fiche, quelques points clés émergent et rappellent la place de cet enseignement dans le socle commun de connaissances et de compétences : avoir pour objectifs de susciter la curiosité de l'élève, de développer l'aptitude à voir, d'enrichir sa mémoire, et puis déterminer des compétences à développer dans le domaine des connaissances, des capacités, des attitudes. Les propositions pour évaluer répondent aussi à une volonté d'impliquer l'élève dans son travail en instaurant un retour systématique sur ce qu'il a vu ou entendu, sur ce qu'il a appris et sur ce qu'il a aimé.


... nourrie par l'indispensable formation

L'enseignement de l'histoire des arts est un nouvel enjeu et il faudra sans doute laisser un peu de temps aux enseignants pour qu'ils s'approprient la démarche souhaitée. Mais ce temps sera profitable si des apports viennent alimenter la réflexion ; c'est pourquoi la formation est de toute évidence une nécessité pour accompagner et réussir la mise en place de l'histoire des arts à l'école. Dès l'hiver 2009, les deux conseillers pédagogiques en éducation artistique ont proposé un stage aux professeurs titulaires première année. L'une des questions qui inquiète le plus étant : "comment associer pratiques artistiques et histoire des arts sans pénaliser l'un ou l'autre", cela a donc été l'objet de cette animation pédagogique. À partir du mot "romantisme", les stagiaires ont fait l'état de leurs connaissances, puis ils les ont mises en relation avec la définition du mot. Après une présentation des instructions officielles et de la plaquette réalisée par le rectorat, les professeurs se sont mis au travail par groupes, tous munis d'une liste d'œuvres romantiques (voir annexe) dans trois domaines, arts du visuel, arts du son et arts du langage. Lors de la mise en commun, le questionnement portait sur l'articulation entre les domaines, la pratique artistique associée, et la forme des traces à conserver. Enfin, pour terminer, les réalisations proposées dans le cadre de la journée des éditeurs ont fait l'objet d'une analyse de la démarche proposée, ainsi que du travail effectué par les élèves. Pour Bernadette Baglin, l'aspect fondamental de cet enseignement est bien de réussir à éveiller les élèves à toutes sortes de sensibilités, de les rendre curieux d'un environnement dont le sens n'est pas immédiat : "Il faut les aider à se positionner dans un comportement d'écoute, de regard posé, mais cela, sans brûler les étapes ; ouvrir leur regard à 360° pour préparer la suite...".
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

B. Baglin, Bassin de l’Estuaire [44]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 576 Ko ;

ressource(s) principale(s)

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