innovation pédagogique

Serge Pittiglio, formateur à l'Espé de Nantes retrace le changement de posture des élèves vis-à-vis de l'école. La connexion avec le passé n'est plus la même. Il parle à titre d’exemple du choix du prénom d’un enfant. Avant ceux-ci portaient le prénom de leurs grands-parents alors qu'actuellement, ils portent plutôt des prénoms inventés.
Il prend comme autre exemple le mot écrit sur le carnet. Avant les parents en "remettaient une couche" alors que maintenant, ils demandent une justification à l’enseignant.

Ainsi, dans son bilan annuel, il révèle que :
"Tout professionnel du champ de l'éducation et de l'enseignement ne peut manquer aujourd'hui de constater des changements importants dans le rapport que les jeunes, enfants ou adolescents, entretiennent avec les différentes institutions et les contraintes qui y sont inhérentes.
Dans le champ de l'école, cela se traduit par l'émergence de situations de plus en plus complexes à gérer pour les équipes pédagogiques, et de l'obligation de penser un nombre grandissant de parcours scolaires de façon individuelle. Nous avons suivi comme piste explicative pouvant être mise en relation avec ces évolutions le modèle théorique de Marcel Gauchet qui distingue les sociétés traditionnelles et modernes, structurées autour de la non-symétrie des places entre l'enfant et ses parents, et notre époque post-moderne, qui confère un tout autre statut à l'enfant, marqué par l'égalité et le fort investissement narcissique.
[…] C'est aussi un constat clinique actuel que d'observer un nombre croissant de jeunes qui peinent à faire sens avec les propositions symboliques de l'école : lire, écrire, compter, … et qui dans un mouvement parallèle utilisent des phénomènes de corps pour trouver un équilibre : agitation, bavardage, impulsivité…

On peut déduire que de nombreux élèves ne s'approprient pas le système de valeurs qui définit le métier d'élève. Il y a comme une carence d'un point de passage généralement facilité par l'accompagnement d'un adulte faisant autorité. Il s'agit ici de penser l'autorité dans sa pleine dimension de reconnaissance d'un projet de vivre-ensemble dans lequel le rapport au savoir fait fonction d'idéal, c'est-à-dire de but à atteindre."