innovation pédagogique

La première séance a pour objectif d'observer des caricatures du XVIIIe siècle et d'en dégager l'aspect critique. Pendant la suivante, les élèves effectuent des recherches dans la salle multimédia (site de la BNF) sur l'époque des Lumières, les artistes, le contexte historique... Puis suivent plusieurs lectures analytiques d'extraits des Lettres persanes, Micromégas, Candide, Les Voyages de Gulliver... Situations, démarches, supports différents nécessitent la mise en œuvre de compétences diverses: la lecture de l'image dans un cas, maîtrise de l'outil informatique relevant du B2i dans un autre... La lecture à voix haute sera privilégiée sur les textes longs, chaque élève lisant un paragraphe ; les réussites sont relevées, les erreurs et difficultés sont signalées... Dans tous les cas, les items de la "Culture humaniste", avoir des repères, et situer les œuvres, sont des éléments de la compétence qui sont systématiquement travaillés à travers l'élaboration progressive d'une double frise que l'élève doit remplir à chaque séance.

Le premier cours d'une séquence doit mettre en œuvre une situation déclenchante qui permet d'introduire la problématique, de susciter la curiosité à partir, si possible, de situations réalistes ancrées dans le quotidien. Pour provoquer un échange et amener les élèves à approcher la notion de critique, ceux-ci sont répartis par groupes. Chacun de ces groupes dispose d'un document différent : chanson, article de presse, forum internet... Un échange a lieu au sein de chaque groupe et un rapporteur vient communiquer le compte-rendu à l'ensemble de la classe. Puis une synthèse est effectuée. L'enseignante a estimé que trois items du livret pouvaient être privilégiés au cours de ce travail, dont deux appartiennent au domaine du lire: manifester sa compréhension de textes et documents variés, dégager l'idée essentielle d'un texte lu ou entendu. La troisième relève de l'oral : prendre la parole en public. Peut-on les évaluer ? On peut considérer qu'à ce niveau, on est encore en situation d'apprentissage. Les élèves peuvent en profiter pour s'essayer, s'entraîner à parler devant un public. Une évaluation formative, ici, les renseignera sur leur niveau de maîtrise et les éléments à travailler dans le domaine de l'oral (maîtrise de la voix, regard public, gestes parasites...). Mais des élèves, qui ont participé l'année précédente aux Itinéraires de découverte et ont donc eu l'occasion déjà de s'entraîner au travail en groupes et à la restitution orale, peuvent se porter volontaires et faire alors l'objet d'une évaluation. Cette première réussite sera mentionnée sur la fiche de compétences de l'élève, liée à la discipline.

Dégager l'idée essentielle d'un texte est une compétence de lecture assez générale que le lecteur doit mettre en œuvre dans presque toutes les situations de lecture de textes un peu complexes. Comment apprend-on à dégager cette idée essentielle ? Généralement, en répondant aux questions du manuel ou de l'enseignant. Cet étayage méthodologique conduit à repérer peu à peu ce qui est l'idée essentielle. Car les textes du XVIIIe, lus dans cette séquence, ont une unité très forte, et l'élève comprend, à l'aide de questions récurrentes, qu'il s'agit à chaque fois de repérer ce qui est critiqué ou dénoncé sous des genres apparemment divers, lettres, contes, caricatures... À l'issue de la séquence, l'évaluation terminale permettra d'évaluer qu'il est capable de dégager l'essentiel d'un texte critique. Mais est-ce automatiquement transférable à un autre type de texte ? Ne pourrait-on dire que l'élève ne maîtrise cette compétence que quand il peut dégager l'idée essentielle seul, sans le support de questions ? Cette évaluation ne peut à elle seule permettre de valider cette compétence générale, même dans la discipline. Aussi l'enseignante a-t-elle provisoirement fixé à trois réussites, au cours de l'année, pour estimer que la compétence est maîtrisée.

L'étude d'un texte littéraire ne se limite pas à en dégager l'idée essentielle. Il importe aussi d'analyser tous les procédés mis en œuvre par l'auteur : choix du genre, situation d'énonciation... et plus précisément les figures de style. Sont repérés et étudiés au cours de cette séquence : l'hyperbole, la métaphore, l'antithèse, l'ironie, mais aussi les degrés de l'adjectif, les champs lexicaux, l'expression de la cause, de la conséquence, de l'opposition... et les connecteurs logiques. Toutes ces connaissances, qui pouvaient être regroupées dans l'ancienne formulation ci-dessus, ne rentrent plus directement dans la nouvelle. Ils sont bien considérés comme des outils permettant de comprendre l'explicite et l'implicite d'un texte ou de rédiger un texte cohérent. La maîtrise des outils de la langue est un critère d'évaluation dans la discipline, qui n'entre pas en tant que tel dans le livret de compétences, mais permet à l'élève de rendre un texte lisible ou cohérent en français comme dans les autres disciplines. Le lien effectué entre l'apprentissage disciplinaire et la maîtrise de la compétence générale donne ici plus de sens aux apprentissages de l'élève.

Nombreuses sont les situations d'écriture au cours de la séquence. S'appuyant sur la première formulation du livret, les élèves se sont entraînés à répondre aux questions en formulant des phrases complètes, premier niveau vers la maîtrise de ces compétences. Régulièrement, ils ont à rédiger de courts textes d'une vingtaine de lignes, visant à intégrer progressivement les notions apprises. Des évaluations formatives intermédiaires, sous forme de smileys, permettent aux élèves de se repérer dans leurs apprentissages (voir annexe). L'évaluation terminale reprend une grille d'évaluation semblable et permet, provisoirement encore, de considérer que l'élève maîtrise un ou deux des items du domaine Écrire. La formulation de la compétence du livret est rappelée à l'élève, mais elle est déclinée en indicateurs d'évaluation correspondants aux apprentissages précis effectués au cours de la séquence, et évaluables (voir annexe).

Bien d'autres compétences sont abordées dans cette séquence. L'étude des œuvres des philosophes des Lumières est l'occasion de s'ouvrir à une réflexion sur les droits de l'Homme, item 4 de la compétence "Culture humaniste", par une recherche et la réalisation de diaporamas sur les droits de l'enfant, la déclaration de 1789, la déclaration universelle...
Mais comment garder des traces de toutes ces évaluations ? L'enseignante a réalisé une fiche à double entrée pour chacun de ses élèves, reprenant en ordonnée les différents items des trois compétences qu'elle a choisi d'évaluer dans sa discipline, et en abscisse, les différentes séquences de son année scolaire. Elle remplit cette fiche en y marquant, à la fin d'une séquence, un "a" minuscule si l'élève a fait preuve une fois de la maîtrise d'un item de la compétence. Au bout de trois évaluations positives, elle porte sur le document un A majuscule, ainsi que la date à laquelle elle a considéré que cet item était maîtrisé. Mais ce choix n'est pas encore définitif. Cette fiche sera communiquée à l'élève en fin de trimestre et pourra servir de base pour faire le point sur ses acquis et les domaines sur lesquels faire porter ses efforts (voir annexe).
Les compétences ainsi évaluées dans la discipline ne peuvent être encore validées dans le livret de compétences. Cela dépend également des évaluations effectuées dans d'autres disciplines. Il reste donc à harmoniser ce travail et créer éventuellement un outil commun. Mais les échanges seront alors plus fructueux si une réflexion et une expérimentation ont déjà été menées en amont.