Florent Hodebert, formateur expérimenté, a souvent eu écho de retours négatifs des enseignants sur les
formations qui leur sont proposées. En effet, les enseignants aspirent à ce qu’une formation réponde aux problématiques de terrain et soit au plus près de leurs préoccupations en particulier sur les nouveaux programmes de seconde professionnelle qui ont introduit la programmation avec un nouveau langage. Ce langage de programmation, selon Florent Hodebert, est “la nouveauté la plus difficile à mettre en œuvre, un nouveau langage qui ne pardonne aucun écart”. Les enseignants de lycée professionnel semblent donc peu enclins à prendre en charge cet aspect du programme très exigeant dans sa mise en œuvre au sein de la classe. C’est pourtant, l’occasion de faire écrire des algorithmes en langage naturel ou dans un langage de programmation aux élèves. C’est aussi leur permettre de développer l’exigence d’exactitude et de rigueur dans cet écrit et de les entraîner à la pratique de vérification et de contrôle de leur écrit, de repérage et d’analyse de leurs erreurs.
Un accompagnement des enseignants sous une nouvelle forme est donc nécessaire. Florent Hodebert et Cécile Leroy ont donc proposé à Sandrine Lafaye, IEN mathématiques-physique-chimie, d’ajouter à la formation théorique une seconde journée qui amène les élèves au cœur de la formation.
Lors de la première journée de formation, l’objectif des formateurs est de présenter aux enseignants stagiaires de nouveaux savoirs disciplinaires sur les nouveaux programmes. C’est pourquoi la mise en route de la formation s’est centrée sur la présentation des nouveaux programmes et du langage de programmation recommandé. Très rapidement, les enseignants stagiaires sont mis en situation d’apprenants puisqu’ils s’initient à la programmation et s’exercent sur des situations d’apprentissage pour s’approprier ces nouvelles notions. La dimension expérimentale du logiciel se prête à ce genre de mise en œuvre. Dans un second temps, ils assument leur rôle d’experts puisque les formateurs demandent aux enseignants de se mettre par groupe de 2 ou 3 et d’élaborer une séance de cours de niveau seconde. La séance a pour objectif d’initier les élèves au langage Python. Les enseignants ont à leur disposition le programme de mathématiques, des documents ressources comme des exemples d’activités ou d’exercices. Ce n’est qu’à la fin de la journée qu’ils apprennent que lors de la seconde journée, une heure sera consacrée à une mise en pratique de leur séance avec des élèves. Les enseignants élaborent alors leur séance, accompagnés par les formateurs.
Lors de la deuxième journée de formation, les stagiaires accueillent les 24 élèves de seconde professionnelle que Cécile Leroy a en charge pendant l’année. La formatrice a en amont expliqué aux élèves son rôle de formatrice et le dispositif qu’elle a mis en place pour la formation des enseignants. Elle a également insisté sur le fait que leur première séance de programmation se fera dans de très bonnes conditions d’apprentissage. La formatrice a bénéficié du soutien de sa hiérarchie pour aménager l’emploi du temps de ses élèves. Par ailleurs, la mise en place de ce dispositif est facilitée par le fait que la formation se déroule dans l’établissement d’un des formateurs. Les 24 élèves sont répartis en 6 groupes de 4 élèves de manière à assurer un bon climat de travail. Deux à trois enseignants prennent en charge pendant environ une heure un groupe d’élèves. Les élèves et les enseignants travaillent dans la même salle informatique. Les objectifs de la séance pour les élèves sont de découvrir les bases du langage et de programmer. Durant la séance, les enseignants stagiaires assument tantôt un rôle d’observateur tantôt un rôle d’enseignant. Ils doivent observer la séance en répertoriant sur une grille d’observation élaborée par les formateurs les points forts et les points faibles de la séance côté élève et côté enseignant. Proposer cette grille aux enseignants a pour objectif de les amener à avoir une analyse réflexive sur leur pratique et sur celle de leurs pairs. Ils prennent également compte des réactions des élèves lors de l’expérimentation de la séance pour réfléchir à des ajustements et mieux répondre aux besoins des élèves. Les élèves, d’abord intimidés par la présence de tant d’enseignants, se mettent au travail et oublient rapidement le dispositif. Les formateurs n’interviennent pas durant la séance et observent en circulant la pratique des enseignants.
À l’issue de la séance, les enseignants mutualisent à l’oral les points forts de leur séance et ce qui est à améliorer et les formateurs synthétisent leurs remarques sur un tableau blanc. Les enseignants stagiaires ont été agréablement surpris de voir que les élèves ont très volontaires dans la découverte des bases du langage et de la programmation. L’attention des élèves et la mise en place d’une différenciation a permis aux élèves d’appréhender la programmation avec aisance. Toutefois, les enseignants stagiaires prennent aussi conscience des limites de leur séance, des ajustements à mettre en place pour mieux prendre en compte la différence de niveau, des imprévus à anticiper (un groupe d’élèves a terminé la séance avant les autres) et des difficultés auxquelles les élèves seront confrontés. Des lectures trop rapides chez les élèves peuvent entraîner de nombreuses erreurs. Il est aussi apparu nécessaire de prévoir un moment de bilan à la fin de la séance avec les élèves.