Concrètement, Stéphanie Marchand n’aborde pas la question du portfolio dès les premières heures de cours en seconde mais attend fin septembre qu’un certain nombre d’apprentissages et de travaux aient eu lieu. L’enseignante est vigilante à prévoir des activités suffisamment variées pour que chaque élève puisse vivre des situations de réussite à un moment ou un autre. Alors, les adolescents sont invités par un temps rétrospectif à se demander où ils en sont, ce qu’ils ont appris et accompli. La seule consigne que Stéphanie Marchand leur donne est la suivante : "Vous avez depuis le début de l’année montré que vous saviez faire certaines choses, que vous aviez compris certaines notions, vous devez les intégrer dans votre portfolio". Les élèves peuvent alors commencer, mi-octobre et sous forme papier dans un premier temps, à constituer leur recueil avec les exercices, devoirs et travaux préalablement lus et annotés par l’enseignante, puis retravaillés par eux, qu’ils estiment intéressants à présenter. Il peut s’agir de productions terminées mais aussi de recherches en cours. Un document avec quelques préconisations pour réussir leur portfolio leur est remis à cette étape. Stéphanie Marchand va utiliser ensuite des heures de demi-groupe (quatre heures au total, soit deux heures par demi-groupe) pour faire un point et accompagner chaque élève lors d’un tête-à-tête où le portfolio est présenté et discuté. Cet échange de cinq minutes (les autres élèves travaillent alors en autonomie) a lieu à mi-trimestre puis en fin de trimestre. Dans un second temps, pour la fin du premier trimestre, les élèves vont devoir corriger, compléter et présenter sous forme numérique leur portfolio. Cette mise en forme numérique reste néanmoins facultative au premier trimestre, elle deviendra obligatoire ensuite, avec l’objectif de "permettre aux élèves d’envisager leur portfolio comme une finalité". L’amélioration du travail passe en effet souvent pour les élèves par une mise en forme numérique, celle-ci permettant par ailleurs de retoucher et retravailler aisément les textes jusqu’à la fin de l’année scolaire. Le fait que l’élève prenne conscience qu’il peut reprendre et améliorer ses travaux tout au long de l’année est fondamentale. En effet, cette idée est souvent un obstacle rencontré par les enseignants face à des élèves qui ne voient pas toujours l’intérêt -et n‘ont pas toujours l’opportunité- de revenir sur un travail après sa première évaluation. Enfin, au terme du premier trimestre, l’enseignante transmet aux élèves une grille d’auto-évaluation où elle a répertorié les compétences fondamentales de la classe de seconde en français. L’élève, au regard de ses productions, aidé aussi par les observations de ses camarades impliqués dans le travail d’évaluation, tente d’analyser et de formaliser sur les travaux qu’il a choisis d’intégrer au portfolio ses réussites, ses acquis, mais aussi ses marges de progression et ses axes de travail pour s’améliorer. Dernière étape, Stéphanie Marchand observe chaque portfolio ; elle valide et commente l’auto-évaluation des élèves, reportant ensuite dans son document d’évaluation les compétences acquises. Le portfolio est enfin rendu aux élèves et signé par les familles, devenant ainsi un outil de communication important avec les parents. L’opération va se répéter pour chaque trimestre, avec l’idée qu’à tout moment de l’année un élève peut reprendre un travail fait plus tôt dans l’année et pas suffisamment ou totalement maîtrisé et abouti. Des variantes peuvent aussi intervenir. Ainsi, l’an dernier, au second trimestre, le portfolio a été rendu en même temps qu’une réalisation personnelle autour de la poésie- choisir un poème d’Hugo, l’analyser et trouver un mode de présentation pour le rendre attractif — qui a été présentée à l’oral avec un coévaluateur élève. Les élèves ont été sensibilisés à la coévaluation en pratiquant régulièrement des activités de groupe et une grille d’évaluation devait les aider dans ce travail. Stéphanie Marchand a pu observer que cette pratique d’une évaluation de l’élève par ses pairs favorisait l’attention et la réception des remarques par ce dernier. Enfin, à partir du second trimestre, les élèves devront se situer dans la grille d’évaluation à l’aide de trois lettres : A (réussi-acquis), B (en cours d’acquisition) C (non encore maîtrisé).