L'entraînement des étudiants prend la forme de préparations d'exposés portant sur des notions travaillées dans les enseignements de spécialité : processus constructifs, normes, éléments de second œuvre (le chauffage, l'isolation, les palplanches, etc.). Au cours de cette phase de travail, les étudiants réalisent des recherches dont ils organisent les fruits par écrit. Mais plutôt que de s'en tenir à une simple présentation orale, les étudiants doivent produire des capsules vidéos qui présentent l'avantage d'exiger une succession d'étapes qui sont autant d'occasions de les faire réfléchir et travailler sur les outils qu'ils se forgent pour apprendre : écriture d'un scénario travaillé en amont de la prise de vue, recherche et sélection d'images et de schémas dans une logique didactique, mise en scène, finalisation d'une production numérique visionnée par toute la classe. Chaque étudiant est en charge d'un projet qu'il doit concevoir et mener de bout en bout, de l'écrit à la vidéo. Les capsules traitent une trentaine de thèmes et l'ensemble constitue une ressource de formation à la disposition de tous.
Face aux réticences de certains élèves d'apparaître à l'écran, les consignes1 ont été discutées avec eux et il a ainsi été décidé qu'il n'est pas nécessaire de figurer dans la vidéo, mais qu'a minima, la voix de chaque étudiant doit être audible. Le choix du matériel de prise de vue et de montage n'est pas imposé et les élèves utilisent parfois simplement leur téléphone portable et des logiciels libres de traitement de l'image et du son. D'ailleurs, l'accompagnement porte essentiellement sur les contenus et sur la scénarisation, pas sur la technique de la vidéo. Pour les moins à l'aise avec ce support, il est possible de produire un simple diaporama animé. Le format conseillé de deux à cinq minutes est parfois dépassé et la qualité des vidéos en matière de mise en scène est variable. Mais le bilan est satisfaisant dans la mesure où tous les étudiants ont rendu une vidéo2.
Pendant les séances d'AP, les étudiants sont très libres et travaillent à leur rythme. Certains visionnent les capsules de la promotion précédente pour s'en inspirer ou s'en démarquer selon les cas3. Certains étudiants réunissent de la matière pendant que d'autres commencent déjà le montage. Ils échangent sur leurs problèmes ou leurs idées avec les professeurs ou des camarades. Ils sollicitent les enseignants selon leurs besoins : la professeure de français sur les techniques de communication et les questions de créativité et les professeurs de technologie davantage sur les contenus des enseignements de spécialité. Ils accompagnent aussi les étudiants sur le montage vidéo. Pour les aider à préciser ce qu'ils veulent transmettre, les trois enseignants leur ont demandé de concevoir, en même temps que la vidéo, un petit QCM qui sera à renseigner par les autres étudiants lors du visionnage. Pendant certaines séances d'AP, des étudiants choisissent délibérément de travailler autre chose et de renvoyer la suite du travail vidéo sur un autre temps si leur priorité est de préparer les CCF ou que leur scénario leur impose de filmer dans un lieu spécifique hors la classe par exemple. Les professeurs leur laissent cette possibilité tout en les mettant en garde sur l'importance de tenir les délais et en faisant des états des lieux réguliers. En effet, comme étudiants, dont certains seront actifs dès septembre, ils doivent pouvoir planifier leurs activités et s'organiser. Mais il y a néanmoins des échéances à respecter.
Lors du visionnage, les étudiants ont prêté une attention remarquable à la production de chacun. Ce vif intérêt a conduit les enseignants à proposer aux étudiants de les associer à l'évaluation. Celle-ci a pris la forme d'un concours avec un vote des étudiants pour désigner les meilleures vidéos. Une cérémonie officielle de remise des prix a été organisée en fin de période (février) sur le modèle d'une cérémonie de clôture d'un festival de cinéma pour ajouter à la solennité de l'événement. Ce moment d'évaluation croisée reposant sur des critères subjectifs fut en fait une occasion pour les étudiants de mieux s'approprier les exigences de l'oral en vue des oraux d'examen. Les problèmes de débit de parole ou de monotonie par exemple ont rapidement été identifiés et ont pesé dans les votes, tout comme la créativité de certaines présentations. Soucieux de ménager leurs condisciples, les étudiants ont fait preuve d'une grande bienveillance mutuelle. Le prix pour la meilleure voix off a ainsi été décerné à un étudiant peu à l'aise à l'oral pour l'encourager. La convivialité de l'événement a également contribué à rassurer les étudiants lors de cette projection publique au cours de laquelle chacun dévoile son travail. En outre, le visionnage de toutes les vidéos a permis aux étudiants de découvrir des contenus nouveaux et donc d'enrichir leurs connaissances dans une logique qui s'apparente à la classe inversée.