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un dispositif tutorat prof-élève pour individualiser les parcours au collège

mis à jour le 19/12/2023


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Penser un tutorat prof-élève qui accompagne le collégien dans sa posture d'élève tout en individualisant les parcours, c'est l'ambition de Sébastien Guillou, professeur de SVT et référent prévention du décrochage scolaire au collège Isabelle Autissier de Nort-sur-Erdre. Rencontre avec cet enseignant qui partage expérience et outils.

mots clés : échanger, tutorat, personnaliser l'accompagnement


C'est lors de l'année 2017-2018 que Sébastien Guillou, professeur de SVT au collège Isabelle Autissier de Nort-sur-Erdre prend les rênes du dispositif Tutorat déjà en place dans l'établissement. Il s'agit d'un dispositif d'aide individualisée basé sur l'accompagnement d'un élève par un professeur tuteur. Ce dispositif a vocation d'aider la progression des collégiens et de leur redonner confiance en eux et en l'école. En tant que tel, il doit éviter l'écueil d'être perçu comme punitif. Comment mettre en place un dispositif de Tutorat prof-élève efficace, remportant l'adhésion des élèves ?

Le dispositif d'aide mis en place dans ce collège est à destination des élèves du cycle 4, à savoir les classes de 5e, 4e et 3e. Il est complémentaire au dispositif Devoirs Faits. Il concerne les collégiens présentant des difficultés diverses d'apprentissage ou de comportement empêchant les progrès ou mettant en danger leur réussite scolaire. Il cible en particulier la posture d'élève, l'être élève. Le tutorat, tel qu'il est pensé dans l'établissement, se doit de ne pas stigmatiser les élèves en difficulté mais plutôt d'être envisagé comme un coup de pouce temporaire pour conduire à davantage d'autonomie. Pour remporter cette adhésion, il est basé sur le principe du volontariat.
Les membres de l'équipe éducative, notamment les enseignants, vont identifier chez un élève un besoin spécifique. Il peut s'agir d'une difficulté à organiser et faire son travail tout comme un manque d'investissement dans le travail en classe. L'information est alors relayée au professeur principal qui complète avec l'aide de l'équipe éducative une fiche diagnostic permettant de cibler au mieux les besoins du jeune. De son côté, l'élève complète une fiche d'auto-diagnostic. Il s'agit à la fois de l'amener à une prise de conscience de ses difficultés et de le rendre acteur de ses progrès. Si son auto-appréciation est éloignée de l'avis de l'équipe, une discussion s'engage avec le professeur principal. L'échange doit mener à une adhésion de l'élève pour entrer dans le dispositif, selon ce principe du volontariat. Les différentes informations (élève, difficultés ciblées) sont alors transmises au référent du dispositif, Sébastien Guillou, afin d'affecter un tuteur et d'établir un planning de tutorat. Cette organisation résulte d'un choix d'établissement fort. Pour l'année scolaire 2022-2023, 6,5 heures par semaine de la DHG (Dotation horaire globale) étaient allouées au dispositif et neuf enseignants étaient tuteurs. Les créneaux sont intégrés au service des enseignants volontaires. Il s'agit d'un dispositif d'ampleur, 106 tutorats ont été déclenchés l'année écoulée dans un collège qui compte environ 700 élèves. Depuis deux ans, le dispositif s'ouvre en fin d'année aux élèves de 6e dans le but de préparer le passage en 5e.
 
Quatre vagues de recrutement ont lieu durant l'année scolaire. Le Tutorat s'étend sur une période de cinq semaines et répond a un ou plusieurs objectifs ciblés. Une boîte à outils a été imaginée par Sébastien afin d'accompagner l'élève et le tuteur dans ce parcours individuel. Chacun reçoit un cahier de Tutorat, contenant un contrat d'objectifs, qu'il devra présenter à chaque heure de cours ou d'étude afin d'être complété par l'enseignant ou l'assistant d'éducation. En parallèle au cahier de Tutorat, Sébastien a élaboré des fiches positives d'aide et d'encouragement à destination de l'élève, lui permettant de réfléchir à sa posture en classe et d'auto-évaluer ses efforts et progrès. Ces fiches ciblent des problématiques récurrentes comme la concentration, l'organisation, la demande d'aide durant les séances… La terminologie utilisée, “aide”, “encouragement”, tend à la valorisation de l'élève. Cet angle positif contribue à changer le regard porté sur le dispositif qui peut alors être demandé à l'initiative même de l'élève.
 
Une fois la session lancée, des groupes composés de trois à quatre élèves d'une même tranche d'âge et présentant des difficultés similaires sont constitués par le référent qui affecte un enseignant tuteur à chaque groupe. L'élève rencontre son tuteur sur un créneau fixe pour un entretien collectif hebdomadaire. Il s'agit alors de faire le bilan de la semaine, d'identifier les points de progrès et de réussite, les points à améliorer. C'est un moment d'échange, à la fois bienveillant et exigeant, en présence du groupe d'élèves constitué au préalable. En fin de période, un bilan est rédigé par le professeur tuteur et communiqué au professeur principal, au RPS (Référent persévérance scolaire), ainsi qu'à la famille. La communication au sein de la communauté éducative ainsi qu'avec l'élève et sa famille est un point essentiel de la réussite du dispositif.

Sébastien dresse un bilan des réussites et limites du dispositif. La durée courte du dispositif, cinq semaines, et le double suivi inhérent au cahier de tutorat et aux entretiens hebdomadaires facilitent la prise de conscience par l'élève de ses difficultés, l'incitation aux efforts et la motivation. Dans de nombreux cas, Sébastien note une évolution positive des bilans rédigés par les tuteurs. En effet, le temps consacré à chaque élève permet une individualisation plus efficace et redonne une confiance, parfois abîmée, en l'école. Les outils apportés facilitent quant à eux l'organisation et tendent vers une valorisation des progrès. Les bénéfices observés sont multiples : l'implication et la posture en classe sont souvent meilleures, des progrès sont signalés lors des conseils de classes où des gratifications sous forme d'encouragements, de compliments ou de félicitations peuvent être formulées dans l'appréciation générale du bulletin scolaire. Les familles, avisées des progrès de l'élève, font le constat de l'efficacité du dispositif et le lien avec l'école est renforcé, à l'instar d'Eléa qui a intégré le dispositif en fin de cinquième afin d'assurer un passage plus serein en quatrième : “J'ai beaucoup progressé parce qu'avant je faisais pas les devoirs et j'écoutais pas le cours”. Quant à l'idée de s'engager dans un nouveau tutorat l'an prochain, elle ne l'exclut pas : “En quatrième, je sais pas encore pour le tutorat, il faut que je voie selon mes notes”.
 
Le dispositif reste néanmoins perfectible et Sébastien s'efforce d'en identifier les limites. La communication au sein de l'équipe pédagogique peut être améliorée afin d'une plus grande implication de tous dans le dispositif. Les outils d'accompagnement, peuvent encore gagner en efficience, la forme actuelle, reposant sur un remplissage heure par heure, pouvant paraître contraignante. Enfin, la baisse des moyens alloués au dispositif, qui a pu également servir à combler certains services enseignants, a participé selon lui à l'augmentation de dysfonctionnements. Sébastien rappelle que la participation volontaire des collègues tuteurs est cruciale dans la réussite du dispositif. Pour finir, certains élèves rencontrent des problématiques qui nécessitent un système plus contraignant. Sébastien expérimente alors deux dispositifs complémentaires afin de mieux répondre aux besoins des élèves du collège, le dispositif Alerte et le dispositif Seconde chance. Il s'agit respectivement, de répondre à des problématiques d'ordre souvent comportemental ou encore d'accompagner le jeune dans son projet d'orientation pour redonner du sens à ses apprentissages. La casquette de référent persévérance scolaire dont dispose Sébastien, prend alors tout son sens et lui apporte une expertise supplémentaire.
 
auteur(s) :

É. Rauhut

contributeur(s) :

S. Guillou, Collège Isabelle Autissier - Nort-sur-Erdre [44]

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