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La question n'est plus d'être pour ou contre. Elle est d'en tirer le meilleur parti pour chaque acteur.
Moocs, FLOT, FUN, OCEAN : autant d'abréviations qui symbolisent les avancées de ces dispositifs depuis ces derniers mois.
Il s'agit d'un cours en ligne, le plus souvent sous forme de vidéo présentant l'exposé de l'enseignant, parfois accompagné d'encarts d'illustrations. Ce cours est accompagné d'activités et comporte le plus souvent un dispositif d'évaluation individuel. Le tout est hébergé sur une plate-forme en ligne.
FLOT ? SPOC ? TORC ? XMOOC ?
La diversité des abréviations reflète, entre autres, la diversité des formules existantes.
Dans les lignes qui suivent, nous nous attacherons surtout aux xMOOCs.
Des atouts indéniables
Des critiques toutefois
En suivant la logique de la classe inversée, la démarche pédagogique consiste à partir d'un cours magistral théorique, que les internautes vont ensuite intégrer au moyen d'activités. Ils ne participent pas, la plupart du temps,en tant qu'acteurs à la construction des éléments dont la synthèse mènera au cours théorique. Cette approche est critiquable ne serait-ce que par la posture de consommateur de l'apprenant, consommateur d'un contenu asséné comme vérité.
La forme magistrale, proche du cours de faculté, interfacée par l'écran, suppose des pré-requis, une capacité d'abstraction qui peut rendre ardu le suivi du cours par certains formés. Apprécié en formation continue, cet outil est moins évident en formation initiale.
Ce d'autant plus que la solitude dans laquelle se trouve l'internaute - indépendamment des relations virtuelles avec les autres formés ou les tuteurs - peut rendre difficile l'astreinte à suivre régulièrement les heures d'enseignement chez soi.
De plus, si poussée que soit l'interaction de la plate-forme avec le formé, l'absence de brassage, de relation avec une population de co-formés peut ôter un atout qu'offre le présentiel.
De même, la nature de l'accompagnement, par sa forme automatisée, n'offre pas la richesse de l'échange en direct à plusieurs.
Enfin, certains craignent que nombre de lieux de formations (écoles, collèges, lycées) dans une démarche d'économie, se nourrissent des cours en ligne pour organiser ensuite des activités en classe : les enseignants seraient alors assujettis à un contenu standardisé.
La question de l'évaluation
Du fait de la formation à distance dont il s'agit ici, l'évaluation s'appuie sur des critères spécifiques par des voies automatisées. Cette évaluation peut aboutir à une attestation de suivi de l'intégralité du cours en ligne à laquelle s'ajoutent les résultats à des tests de type QCM dont l'efficacité est à la fois réelle mais également restreinte du fait des caractéristiques propres à ce type d'évaluation (choix limité, aptitude à la synthèse délicate à mesurer...).
Par ailleurs, le fait que l'évaluation se produise chez soi hors de contrôle pose également une limite à sa valeur. Sans doute faut-il envisager cette formation et la validation qui s'y rapporte dans un paradigme différent de celui de la formation initiale scolaire.
Se pose alors la question de la reconnaissance de ce type de formation. Après une validation réussie, nombre de MOOCs délivrent des certificats (cf. la pratique des badges chez ITyPA.)
Du certificat au diplôme, il y a un pas, peu aisé à franchir, sans doute du fait des modalités d'évaluation. Voilà pourquoi les MOOCs à valeur diplômante sont rarissimes.
Il n'en reste pas moins qu'une forme de reconnaissance de la validation peut exister lorsque les certificats obtenus relèvent des ECTS.
La question de l'enjeu social
Cet enjeu peut s'aborder de différentes manières. Nous l'avons en partie évoqué dans l'approche pédagogique. Ici, nous nous limiterons à la liberté d'accès aux contenus.
Un point fort des Mooc's est d'offrir au grand nombre, de manière possiblement gratuite, l'accès aux meilleurs experts en matière disciplinaire, et ce sur des domaines immenses de formation.
Un autre avantage d'ordre financier est à mettre en avant : le mode de formation à distance induit des économies substantielles en termes de frais de logements et de déplacements quotidiens des formés.
Cependant des limites existent : la disparité des équipements informatiques et leur accès inégalitaire, socialement différencié.
Quant à la gratuité des MOOC's, elle ne constitue pas une règle, loin s'en faut : certains cours sont payants (quelques centaines d'euros, cf. Udemy, Canvas) ; d'autres exigent un paiement au moment de la certification.
La question de l'enjeu économique
La mise en place des MOOCs a été interprétée par certains comme une manière d'opérer de sérieuses économies dans les coûts en enseignants et infrastructures des universités ou écoles. La chose est possible mais des éléments atténuent cette dimension.
La mise en place des MOOCs a été interprétée par certains comme une manière d'opérer de sérieuses économies dans les coûts en enseignants et infrastructures des universités ou écoles. La chose est possible mais des éléments atténuent cette dimension.
D'une part, mettre en place un MOOC coûte cher en création de plate-forme ou en frais d'utilisation d'une plate-forme existante.
D'autre part, l'enseignant, outre le fait de créer le cours, peut ou doit participer aux activités d'appropriation du contenu en présentiel (TD, tutorat...). Cela peut d'ailleurs constituer un élément de valorisation de la carrière de l'enseignant (cf. les annonces de la ministre, Mme Fioraso, lors du lancement de France Université Numérique).
Un second aspect concerne la marchandisation de la formation.
A l'offre publique s'ajoute maintenant une solution payante, les écoles devant financer les plates-formes, les formés assumer les frais de certains cours.
Cet outil va-t-il se cantonner à une partie de la formation des étudiants, voire des lycéens ? Va-t-il se limiter à l'accompagnement des apprenants (cf. la demande de soutien des familles auprès d'entreprises de formation) ou se substituer à l'offre gratuite ? En l'occurrence, si une discipline n'est pas proposée par un établissement, ce dernier ne va-t-il pas inciter l'élève à se tourner vers une formule en ligne ? Présentiel et cours en ligne : complémentarité, synergie ou progressive substitution ?
Au final, l'économiste ne peut éviter de s'interroger sur la pertinence économique des MOOC's, si l'on confronte coûts de mise en œuvre des plates-formes et efficacité de l'outil de formation (taux de décrochage, activité non diplômante).
La question de l'enjeu culturel
Concernant les Mooc's, un double défi est à relever :
Le lancement de France Université Numérique fin 2013 est la concrétisation de ces ambitions.
Les MOOC's en 2014
2014, c'est l'entrée en activité de FUN, France Université Numérique, avec une vocation d'hébergement et de promotion des FLOTs.
2014 c'est aussi le développement de portails afin d'aider l'internaute à se retrouver dans l'offre des MOOCs, à l'échelle nationale, européenne ou mondiale :
En conclusion
2014, c'est un frémissement significatif, annonciateur de MOOCs à destination des lycées.
Le développement des MOOCs est un phénomène acquis que les interrogations en matière pédagogique, économique (quel modèle ?) ou sociale (quelle égalité d'accès ?) ne remettront pas en cause, tant sont prégnants les enjeux économiques et culturels.
Sans doute une diversification des démarches et des types d'offres caractérisera-t-elle bientôt ce monde émergeant : MOOCs descendants ou connectivistes, gratuits ou payants, accompagnement professionnalisé (tutorat) ou communautaire, plate-formes spécialisées ou déclinées d'outils existants (comme ITyPA, sous Claroline Connect).
Quoi qu'il en soit, l'initiative du Ministère constitue une étape importante pour l'émergence des MOOCs dans l'univers francophone - déjà habité par la présence canadienne - et ce particulièrement dans l'hexagone.
Il restera à observer selon quelles logiques (quelles alliances) les fournisseurs de contenus tisseront des liens avec les plate-formes existantes : faisons le pari d'une relation gagnant-gagnant entre créateurs de contenus, plate-formes et formés, tant dans le domaine de la formation continue que de la formation initiale...
Quelle protection de la propriété intellectuelle ?
Itespresso.com.
Très chers MOOCs, 25 juin 2013
Thot Cursus, Christine Vaufrey
MOOC: les business models émergents. 08 octobre 2013
Matthieu Cisel. LA révolution MOOC.
Les universités se lancent dans les cours gratuits en ligne
Les Echos.fr, Marie-Christine Corbier 02 octobre 2013
Se former en ligne avec les MOOCs
Commentçamarche.net octobre 2013
numérique et enseignement - Rectorat de l'Académie de Nantes