Le manuel a été codifié à l'époque de Jules Ferry, conçu comme l'outil permettant de mettre en œuvre le projet de l'école républicaine. Dans quelle mesure et à quelles conditions peut-il s'adapter aux évolutions en cours, aux besoins d'une pédagogie plus personnalisée, aux attentes de professeurs désormais recrutés au niveau du master, aux besoins d'élèves qui sont des natifs du numérique, et plus généralement au projet de l'école du XXIe siècle ?
- Mettre les manuels au service des programmes
- Créer des ressources pour les enseignants
Les enseignants sont demandeurs de ressources multimédias, y compris sous forme imprimée, libres de droit, actualisables, d'accès facile et d'utilisation aisée en classe, ce qui exclut à cette date le recours fréquent à des ressources en ligne pendant le cours. Ils souhaitent pouvoir assembler et adapter ces ressources de toutes origines, publiques, privées, personnelles, associatives, en fonction de leur projet pédagogique et des besoins différenciés de leurs élèves, avec l'aide d'outils aussi transparents que possible dans leur maniement et neutres par rapport aux contenus.
- Concevoir des manuels pour apprendre :
La part stricte du « manuel » à l'intention des élèves devrait être limitée à l'
essentiel et au permanent.
- Préciser la fonction institutionnelle du manuel
Dans le cadre d'un schéma régional et académique, il devrait être de la
responsabilité de l'établissement de choisir entre les outils souhaitables, imprimés ou numériques, manuels ou autres, le manuel n'étant un outil obligé qu'en cas de prescription explicite des programmes, et le papier une option choisie par l'EPLE, pour répondre à des besoins définis, dans une enveloppe de crédits nécessairement limitée
- Clarifier et optimiser les financements
Le mode de financement choisi dans l'expérimentation ENT et manuels numériques pour rémunérer les éditeurs, par un système de licence individuelle, n'est pas viable, en raison de la complexité et des contraintes qu'il engendre. Au minimum, c'est une licence forfaitaire par établissement qu'il conviendrait de mettre en place.
La distinction entre ce qui relève des besoins du maître et des besoins de l'élève pourrait être un critère, les premiers devant être satisfaits par l'État, les seconds étant de plus en plus pris en charge par les collectivités. À l'État, reviendraient les outils et les ressources pédagogiques servant à construire l'enseignement, la formation initiale et continue qui en permettent l'utilisation optimale ; aux collectivités, les outils matériels et immatériels, quels que soient leur forme et leur support, qui servent plus directement aux élèves, au sein ou en dehors du cours
- Mettre en place des leviers
À l'aune de l'appel d'offres lancée dans le cadre du plan numérique, pourrait être examinée la possibilité d'un
appel d'offres lancé par le ministère auprès des éditeurs et de leurs partenaires, publics et privés, organisés en consortiums, avec un cahier des charges suffisamment précis fondé sur les programmes, qui aboutirait à un nombre restreint et défini de vecteurs pédagogiques pour chaque niveau.
Livrés sous une forme numérique, décomposable, granulaire et agençable, ces « manuels » pourraient être exploités sur différents supports, ordinateur, téléphone intelligent, TNI, tablette..., en fonction des choix d'équipements retenus par les collectivités suivant le schéma régional défini en liaison avec les autorités académiques.