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pour un co-enseignement flexible

mis à jour le 25/05/2023


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Un petit vent d’agitation anime les 52 élèves de l’école d’application du Moulin rouge à La Roche-sur-Yon : "Non, toi, tu es dans la classe soleil". Ici, la classe lune, de l’autre côté de la porte de la classe soleil, accueille sa cohorte d’élèves pour une séance de mathématiques, comme l’indique au tableau le menu du jour. Dans l’autre classe, des enfants du CE1 au CM1 sont répartis au sein d’un même groupe qui poursuit le même objectif de séance mais avec un dispositif différent, plus adapté à leurs besoins. Dix minutes après la sonnerie et sous le regard de Céline Geoffroy et Sébastien Alain, chacun est à son poste, studieux.

mots clés : échanger, co-enseignement, enseignement flexible, co-intervention


Il va de soi qu’au lancement du projet, élèves et parents pouvaient marquer des réticences : comment s’occuper de tant d’enfants, sur 2 cycles et pour quelle plus-value quand le dédoublement des classes est généralement valorisé ? Un paradoxe, penseraient certains.
Si chacun doit trouver ses marques dans cette manière d’appréhender l’enseignement, c’est que l’école est encore vécue par la plupart des élèves comme un espace clos, silencieux et formaté dans lequel le corps doit se faire oublier. Ici, les élèves sont au contraire constamment en mouvement et s’impliquent d’abord corporellement dans leur tâche pour devenir "maîtres de leurs apprentissages". (cf autre article Échanger) Mais alors comment organiser sa classe pour mutualiser ses pratiques et orchestrer un groupe d’une telle ampleur ?
 
“C’est ensemble qu’on apprend”. Voilà pourquoi les deux enseignants ont choisi de pratiquer le co-enseignement de manière permanente. Plus qu’une classe “miroir”, il s’agit d’éclater l’espace clos des salles, pour répondre au mieux aux besoins des élèves. Ainsi, les deux enseignants ont à leur charge la totalité des enfants des cycles 2 et 3 selon un programme défini mais flexible.
 
Toute activité est pensée à deux. Une feuille de route, pour chaque séquence, est travaillée conjointement par les deux enseignants formateurs et chaque début de semaine, le même rituel s’opère, on module le scénario en fonction des enfants : quelle activité sera proposée pour tel groupe d’élèves et quel dispositif sera le plus efficace ? Des emplois du temps variés sont pensés pour cette organisation flexible. Parce qu’il arrive - mais comme dans toute classe - que le programme imaginé ne puisse se confronter à la réalité : ce groupe a pris du retard, telle activité est trop dense etc. Alors, on rectifie, on reporte, on adapte, à deux, lors des temps de pause, à l’issue de la journée de classe, ou par mail… Avec l’expérience, notent les enseignants, le respect des temps est plus aisé, à condition de faire preuve d’adaptation, et d’"apprendre à renoncer".

"Je ne sais pas si je serais capable de retourner seule dans une classe". Selon Céline Geoffroy, travailler à deux est en effet plus sécurisant et répond à sa philosophie de l’éducation, celle de tout mettre en œuvre pour accroitre l’autonomie des élèves, leur coopération et leur émancipation.
À deux, poursuit-elle, on pousse les possibles. Et c’est ainsi qu’ils se sont engagés dans des projets que, seuls, ils n’auraient osé proposer, comme cet atelier d’art avec des matériaux diversifiés - encre, peinture, craie -, des supports au choix et des lieux différents (leurs salles, la cour, les couloirs)…
 
Les bénéfices sont alors palpables selon Céline et Sébastien, d’abord parce qu’il permet un échange sur les pratiques professionnelles, enrichies. À deux, ils proposent des activités plus diversifiées, ils expérimentent ce qu’ils n’auraient pu mener, et profitent de l’expérience de l’autre. La co-préparation des cours exhorte aussi à clarifier ses objectifs selon une programmation bien définie. Un cahier journal permet de noter précisément les activités effectuées afin que chaque enseignant sache exactement le travail mené avec sa cohorte. Enfin, le co-enseignement et son croisement des regards permet une observation plus fine des élèves, une meilleure connaissance de chacun d’eux. Il n’est pas ici vécu comme une discrimination par les enfants puisque les cohortes varient selon les séances. Enfin, il permet de faire émerger une pensée divergente, à condition de respecter certaines "règles". Réussir le pari de la mutualisation, c'est d'abord se mettre d'accord sur certaines valeurs, certains fonctionnements.

Étendre ce dispositif au secondaire représenterait un bénéfice, selon eux, à condition de profiter de temps de concertation et de formation.
 
auteur(s) :

F. Morange

contributeur(s) :

G. Céline, A. Sébastien, École d’application du Moulin rouge, La Roche-sur-Yon - 85

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