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donner davantage de lien et donc de sens à la formation professionnelle

mis à jour le 03/04/2019


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Pour les élèves de lycée professionnel amenés à découvrir le monde professionnel par le biais de Périodes de Formation en Milieu Professionnel (PFMP), le lien lycée/monde professionnel n’apparaît pas comme immédiatement explicite. En association avec le personnel accueillant leurs élèves, les enseignants ont pour mission d’une part de donner du sens à l’immersion professionnelle, et d’autre part, d’aider chacun à prendre conscience de la complémentarité d’une formation en interne au lycée et externe sur les lieux d’accueil. Comment alors procéder pour faciliter cette prise de conscience et éviter que les lycéens perdent de vue la logique d’une formation en alternance ? Pour apporter des éléments de réponse à cette question, la pratique de Nadège Aubert, enseignante, sera présentée et commentée.

mots clés : échanger, PFMP, stage, milieu professionnel, immersion, lien


"Donner des doses raisonnables de peinture aux élèves" est une phrase qui prend toute sa signification quand elle est écrite par des lycéens lors d’une immersion dans une classe de maternelle ; elle fait inévitablement écho à la prescription qu’aura donnée un enseignant auparavant. Mais c’est le vécu du terrain qui donne sens à l’adjectif "raisonnable" : face à des élèves de maternelle on mesure rapidement les conséquences de certains choix. C’est précisément ce lien entre conseils et mise en œuvre, entre théorie et réalité, que les Périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) mettent en évidence.
Après avoir exercé le métier d’infirmière, Nadège Aubert est depuis cinq ans enseignante au lycée professionnel Robert Buron de Laval (53) dans la discipline Sciences et techniques médico-sociales (STMS). Elle prépare ses élèves au baccalauréat professionnel Accompagnement, soins et services à la personne (ASSP). Afin de clarifier le contrat individuel liant chaque élève au milieu professionnel qu’il découvre lors de temps de formation in situ, elle a élaboré des documents d’accompagnement pour les PFMP. Outre le suivi classique proposé au cours des temps d’immersion dans le milieu professionnel, elle s’est interrogée et interroge ses élèves sur la posture professionnelle :
• Dans la phase de préparation : elle prépare ses élèves au contact avec des nourrissons, des enfants, des personnes dépendantes (en raison d’un âge avancé ou d’une situation de handicap), ceci en partenariat avec des professionnels ;
• Au cours des temps passés en milieu professionnel ;
• Dans la phase d’exploitation des PFMP puisque, par des documents qui guident clairement les jeunes dans le recueil d’informations, elle leur permet de profiter pleinement de l’expérience professionnelle acquise à cette occasion. Elle fait évoluer d’ailleurs ses attentes à chaque période.

Cet article tentera d’apporter des éléments de réponse au questionnement suivant : Comment expliciter la complémentarité lycée/milieu professionnel pour aider les lycéens à donner sens et cohérence à l’ensemble de leur formation ?
 
L’élève est un professionnel en devenir mais s’intègre encore dans le système scolaire qui l’autorisera parfois à sortir du lycée pour une immersion dans le milieu professionnel dans le cadre d’une “alternance sous statut scolaire”. Trois circulaires cadrant cette organisation, définissant les acteurs, les objectifs et les exploitations pédagogiques permettent de comprendre le fonctionnement de cette alternance.
 
Le principal rôle de l’enseignant consiste à accompagner l’élève dans l’élaboration de son propre parcours professionnel alors qu’il n’est que lycéen. Or, la construction d’une double identité (lycéen/stagiaire) ne repose pas sur l’évidence : il convient de montrer des liens entre lycée et milieu professionnel si l’on ne veut pas que la formation en alternance soit vécue comme une juxtaposition de lieux et de contenus. Le ressenti des élèves fait souvent apparaître des difficultés à saisir une résonance entre ces deux temps, comme si théorie et pratique ne pouvaient interagir, comme si la corrélation entre ces deux lieux restait trop implicite.
 
En réponse à ce constat, il s’est avéré nécessaire d’accompagner les élèves dans leurs découvertes afin qu’ils prennent conscience des liens entre lycée et milieu professionnel. Concernant par exemple les modalités d’évaluation au lycée, une démarche progressive, bienveillante et rigoureuse met les élèves en confiance. Elle les invite à dédramatiser l’évaluation et à comprendre que celle-ci est un acte formateur, qualitatif, qui se justifie parce qu’elle exige de l’élève de montrer son degré d’engagement dans le monde professionnel. Ainsi, l’évaluation n’est vécue ni comme un acte exclusivement scolaire, ni comme une accumulation de données recueillies. Autre réponse apportée au questionnement initial : les outils élaborés et mis à disposition des élèves. Ces outils favorisent la corrélation entre les deux univers alternativement côtoyés par les élèves. Il faut donc, par des réponses pédagogiques, tisser des liens entre lycée et milieu professionnel si l’on veut que chaque élève saisisse la logique de la formation qui lui est proposée. Plus encore, il faut expliciter les liens afin que ces deux lieux ne coexistent pas de manière juxtaposée, mais s’enrichissent mutuellement.
 
Nadège Aubert a d’abord pris appui sur des manuels et sur les habituels recueils de données qui invitent les élèves à remplir les documents fournis par leurs enseignants, puis elle a souhaité faire évoluer ces supports en vue d’une restitution différée profitable à chacun. Le dossier qu’elle a conçu, intitulé “Je pars en PFMP”, est intéressant en ce qu’il sert de guide quotidien aux élèves durant leurs stages sans pour autant constituer une somme de relevés ou d’observations à récolter sur le terrain. L’enseignante privilégie la qualité des réflexions personnelles, incitant chacun à définir ce qu’il attend d’un stage, à s’interroger sur ce qu’est une posture professionnelle, à cibler des éléments précis et spécifiques aux contextes découverts.
 
Ce travail a fait évoluer le regard de ses élèves sur leur entrée dans le monde professionnel.
La démarche élaborée par Nadège Aubert démontre les bienfaits d’une explicitation du parcours défini pour un bac pro. Mieux comprise, l’articulation du binôme école-milieu professionnel peut être reprise par d’autres enseignants qui s’interrogent sur les liens à construire entre deux mondes qui se côtoient et offrent des apports complémentaires. C’est une osmose à développer au service des élèves. Quelques éléments incontournables sont à respecter pour s’approprier une telle démarche.
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

N. Aubert, Lycée R. Buron - Laval [53]

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