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comment modifier le rapport aux savoirs des élèves en cycle 3 ?

mis à jour le 30/04/2021


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Dans sa classe de CM1-CM2 à Saint-Jean-sur-Mayenne (53), Hélène Guerrier propose un ambitieux et motivant projet à ses élèves : placer chacun dans une dynamique de découverte. Il s'agit pour chaque élève de devenir virtuellement un explorateur dans un pays étranger afin de pouvoir ensuite exposer à la classe le fruit de ses découvertes. Mais comment ce projet permet-il à chacun de comprendre les enjeux de son engagement en classe et d’améliorer son rapport aux savoirs ?

mots clés : échanger, rapport aux savoirs, projet, cycle 3, géographie, réussite scolaire, motivation, exploration


Habituellement, dans une classe, la valorisation du travail effectué s'arrête à l'obtention d'un retour : résultat ou annotations magistrales par exemple. Autrefois, l’élève recevait une image ou un bon point. Dans sa classe, Hélène Guerrier propose depuis quelques années des ceintures de couleur, des blasons et des bilans de plan de travail. Mais, insatisfaite face à ce système qui lui a paru inachevé, elle a souhaité le prolonger par un projet de classe fédérateur, motivant et convoquant à nouveau des compétences travaillées en classe. Elle a donc imaginé faire de ses élèves des explorateurs. Le principe repose sur les résultats positifs des élèves (travail et comportement), convertis en une monnaie factice, le “freine”. Cette monnaie permet de s’acheter un équipement à compléter semaine après semaine. Cet équipement permettra à ces jeunes explorateurs de découvrir un pays et d'en restituer les intérêts, notamment touristiques. Dès les premières semaines de l’année scolaire, Hélène a constaté que ses “vingt-trois CM sont à fond dans cette aventure !”.
 
Pour ce projet, des temps quotidiens sont identifiés dans l’emploi du temps, exclusivement l’après-midi. Le lundi, c’est le jour des finances : chaque élève fait le constat de l’argent dont il dispose et détermine ce qu’il va en faire : épargner ou dépenser. Les autres après-midis de la semaine sont mis à profit pour dans un premier temps se renseigner, se documenter sur le pays que l’on doit explorer, et dans un second temps exposer à la classe l’avancée de son exploration. À tout moment de la journée, il est possible pour tout élève ayant terminé un travail, d’avancer sur son projet. On peut aussi prolonger ses recherches à la maison ou encore dans une bibliothèque.
 
Tout au long de la semaine, les élèves sont invités à s’investir : participation, lectures, plan de travail, exposés. Cette implication personnelle est valorisée par des retours (ceintures, blasons, …) convertis en freines, qui représentent une monnaie certes virtuelle, mais concrétisant matériellement l’investissement fourni. Cet argent amassé durant la semaine sera épargné ou dépensé le lundi suivant. Si un élève décide de dépenser cet argent, il devra au préalable renseigner un bon de commande pour s’acheter un équipement (un moyen de locomotion, un vêtement, un outil par exemple). Toutefois, cet équipement devra être adapté au pays à explorer puisque, par exemple, le climat diffère d’un pays à un autre.
 
Plus particulièrement dans les classes coopératives, les élèves peuvent être invités à manipuler l’argent pour en comprendre la valeur. Hélène Guerrier a fait le choix pédagogique non pas de recourir à l’argent à l’école, mais d’en faire un objet d’apprentissage d’un point de vue purement utilitaire (dépenser pour obtenir un objet nécessaire à sa survie), d’un point de vue stratégique (ne pas dépenser maintenant pour des objets peu utiles mais attendre et pouvoir acheter un objet nettement plus utile) et aussi d’un point de vue mathématique (somme dont je dispose, prix d’objets convoités). Elle propose par exemple dans son magasin des objets à prix ronds, voire des prix avec décimales (pour les élèves les plus en réussite scolaire). De fait, les élèves prennent conscience des efforts à fournir pour obtenir un objet au prix élevé (par exemple, s’acheter un hélicoptère). Les échanges entre pairs sur les stratégies suivies permettent aux élèves de savoir si leurs choix sont ou non judicieux : la réflexion des autres fait évoluer la réflexion personnelle.
 
Ce projet fourmille d’informations qu’il pourra apporter aux élèves et de compétences qu’il permettra de développer. Mais au-delà des savoirs disciplinaires, c’est le vivre ensemble qui est travaillé et la régulation de la classe afin qu’y apparaisse un climat apaisé. Pour ceux qui en éprouvent le besoin, il est envisagé de prendre appui sur du tutorat, ou de bénéficier d’accompagnement de l’enseignante pour gérer son travail ou parvenir à contrôler son comportement. Les temps consacrés au projet Explorateurs permettent ainsi de développer l’entraide, un esprit de solidarité et la nécessité de travailler collectivement dans une ambiance de classe favorisant la réflexion, la recherche et le partage.
 
De ce projet peuvent émerger de nombreuses compétences en lien avec les programmes du cycle 3. Tous les champs disciplinaires sont convoqués du fait de la diversité culturelle et des approches proposées pour explorer les pays. Ce sont aussi des compétences transversales qui sont travaillées puisque sont développés l'entraide et le recours au numérique entre autres. L'objectif recherché est de permettre à chaque élève d'avancer à son rythme afin que chacun puisse être performant dans son projet d'exploration. La différenciation pédagogique est au cœur de cette réflexion : les exigences et attendus sont adaptés aux compétences personnelles, car tous doivent pouvoir réussir leur projet d'explorateurs.
 
Hélène Guerrier est une enseignante très active dans un groupe de partage de pratiques pédagogiques et de réflexions sur l’enseignement. Elle donne volontiers des conseils pour ceux qui souhaiteraient, comme elle, se lancer dans une telle aventure. Elle accepte de partager ses supports et documents de travail personnels, tout en invitant à la prudence face à un projet qui peut devenir chronophage : commencer par un projet modeste, ne pas tout réaliser soi-même mais engager les élèves dans une co-construction du projet, faire des bilans réguliers pour faire évoluer les procédures du projet.
 
L’implication des élèves dans ce projet témoigne de l’intérêt qu’ils y portent. Il suffit de suivre et d’écouter Enola, élève en CM1, pour constater qu’elle vit pleinement son exploration du Japon et qu’elle veut être force de propositions pour que ce projet de classe paraisse encore plus stimulant. D’autres partagent le même ressenti.
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

H. Guerrier, École Élise Freinet, Saint-Jean-sur-Mayenne

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