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des classes multiniveaux en maternelle

mis à jour le 01/07/2019


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Dans une école composée de trois classes de maternelle, l’habitude veut que l’organisation retenue repose sur une logique de niveaux : une classe de Petite section (PS), une classe de Moyenne section (MS) et une classe de Grande section (GS). C’est l’organisation qu’avait adoptée l’école de Martigné (53) avant de modifier en profondeur cette répartition des élèves. En effet, depuis la rentrée de 2017, chacune des trois classes compte des élèves de PS, de MS et de GS. De plus, afin de développer l’autonomie de chacun et de prendre en compte son rythme, les trois enseignantes ont également modifié leurs pratiques et leur espace de travail. Chaque salle de classe a été repensée pour faciliter les apprentissages et le développement individuel. Ces enseignantes exposent, par le biais de cet article, comment elles ont réorganisé leur enseignement et les bénéfices qu’elles en tirent, notamment en termes de différenciation pédagogique, de réussite scolaire et d’intégration sociale des enfants dès leur entrée à l'école.

mots clés : Échanger, maternelle, multiniveau, différenciation pédagogique, rythme, besoins, harmonisation


Dans les trois classes de la maternelle de Martigné, un fonctionnement identique anime chaque groupe : les élèves occupent l’espace (sol, tables, bureaux, …) sans qu’apparaissent des groupes de niveaux. Petits, moyens et grands se côtoient, s’affairent, exécutent les tâches à réaliser, seul ou à plusieurs, sous le regard proche ou à distance de l’enseignante. Les élèves vont chercher le matériel nécessaire, l’utilisent, puis tout naturellement le rangent. Le matin, dès le début de la journée, chaque élève est amené à gérer ses activités, libres en PS et MS, imposées en GS sous forme de contrat suite à une réflexion menée avec les collègues d’élémentaire. Les enseignantes ont construit trois classes d’âges différents, à plusieurs niveaux, dans lesquelles le rythme de chacun est respecté et l’autonomie favorisée.
 
Dans cette école, la maternelle suivait depuis longtemps une organisation classique : trois classes pour trois niveaux, donc un niveau par classe. Mais parmi les enseignantes, Marie-Christine Jorré et Véronique Guilleux ont souhaité sortir de ce schéma afin de mieux prendre en compte le développement de chaque élève. Lorsque Sonia Lelièvre a été affectée en maternelle dans cette école, elle a adhéré au projet de ses deux collègues, si bien qu’elles ont décidé de remodeler les trois classes de la maternelle : de classes à niveau unique, elles sont devenues classes multiniveaux. Ces enseignantes expliquent que leurs réflexions initiales ont évolué et ont pris forme suite à la lecture des écrits de Céline Alvarez et suite à des recherches sur la mise en œuvre de la pédagogie développée par Maria Montessori. Faire fonctionner simultanément trois classes enfantines a par la suite nécessité des réajustements, une harmonisation des pratiques et un équipement semblable dans chaque classe pour qu’un projet commun soit partagé. Ont donc été repensés avec la même logique : l’agencement des trois salles de classe, le choix du matériel pédagogique et la mise en œuvre du programme de maternelle.
 
Les enseignantes de Martigné n'ont pas souhaité rester dans un seul des trois niveaux de la maternelle, mais se spécialiser dans les trois. Cela favorise une meilleure compréhension de l'évolution d'un enfant de la petite à la grande section. Elles ont donc voulu non seulement construire des groupes multi-âges, mais aussi apprendre à travailler ensemble : agencer les salles de classe, élaborer des projets, … La classe multi-âges présente des intérêts cognitifs, sociaux et affectifs que ne permet pas tant de développer la classe constituée d'un seul niveau. Par ailleurs, le fait de mettre en parallèle trois classes identiques impose des décisions communes. Ainsi, les enseignantes se sont-elles accordées pour qu'au cœur de chacune des trois classes soit tracée une ellipse qui constitue un repère notamment pour le regroupement. De même, les rangements se font par pôles de domaines des programmes et avec progressivité de la complexité. Tous les élèves sont donc reçus dans un cadre semblable avec une palette initialement identique de matériel, d’activités et de projets.
 
Pour s'emparer d'une telle organisation, il faut au préalable un projet commun de réorganisation avec pour objectif de mieux différencier. Dans une classe multi-âges, les élèves subissent moins la pression de l’objectif commun : chacun évolue à son rythme selon des objectifs individuels définis par l’enseignante. L’aménagement proposé pour chaque salle est pensé pour prendre en compte l’évolution de chacun. Aucun espace n'est attribué qu'à un seul niveau car la salle est l'univers de tous les élèves : ils s'installent où ils souhaitent dans le respect du travail des autres. Ainsi peuvent-ils être installés à un bureau, assis au sol, isolés dans un coin de la classe, seuls ou à plusieurs.
 
Les programmes de 2015 rappellent que la maternelle est « une école qui s’adapte aux jeunes enfants » (p.1). En cela, cette école doit faire preuve de souplesse pour accueillir au mieux des enfants aux compétences et parcours différents. Mais c’est aussi tout le système éducatif qui doit prendre en compte les compétences de chaque élève. Il paraît donc nécessaire de définir en quoi consiste la différenciation pédagogique, notamment sur les plans quantitatif et qualitatif, et comment elle prend en compte chacun, par exemple lors d’ateliers individuels de manipulation.
 
Si la classe multi-âges rappelle la classe unique d'autrefois, elle relève ici d’un choix délibéré, d’une réflexion en équipe. Les enseignantes de Martigné reconnaissent que ce réagencement de la maternelle nécessite une communication claire auprès des parents et elles donnent comme premier conseil pour transférer de prendre le temps de bien expliquer aux parents que leur enfant ne se trouve pas d'abord dans un niveau mais dans un groupe d'élèves d'âges différents. Lorsque le projet est acté et mis en œuvre, il faut trouver régulièrement des temps de régulation pour harmoniser ses pratiques et proposer à tous les élèves les mêmes chances de réussite. En élémentaire, il est possible d'imaginer qu'une école fasse fonctionner par exemple les trois niveaux du cycle 2 en mettant ainsi en parallèle trois classes multi-âges. Dans le second degré, il pourrait être envisagé de décloisonner des classes pour mieux prendre en considération les besoins des élèves.
Quoi qu'il en soit, réorganiser un cycle c'est aussi mener une réflexion à plusieurs sur ses propres pratiques et, comme le soulignent les enseignantes de Martigné : "si c’était à refaire, aucune de nous ne ferait marche arrière. Cela a redynamisé notre façon d’enseigner."
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

M.-C. Jorré, V. Guilleux, S. Lelièvre, École Galilée, Martigné-sur-Mayenne (53)

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