Le chef d’œuvre et son évaluation s’appuient sur les compétences professionnelles et également les compétences développées en enseignement général par les élèves. Il permet de porter un regard sur les compétences humaines, sociales, de créativité ou de communication que l’on peut regrouper sous l’intitulé de compétences transversales. Chaque compétence est évaluée à travers trois ou quatre attendus (par exemple pour travailler en équipe : savoir écouter, prendre en compte l’avis de l’autre, être capable d’aider un autre membre de l’équipe, participer activement au projet) et sur quatre niveaux de compétences, allant de la maîtrise très partielle de la compétence à une autonomie totale. Cette évaluation finale et notée est précédée d’une
auto-évaluation qui reprend, en les reformulant parfois pour plus de clarté, les différentes compétences transversales. Celle-ci permet d’engager le dialogue avec les élèves afin qu’ils conscientisent où ils en sont et le chemin qu’il leur reste à parcourir.
Quant à la co-intervention, elle va renforcer le travail sur les compétences transversales. Hormis la première heure de cours consacrée au brainstorming, les deux enseignants font un rapide point en début de cours sur l’avancée du projet, les objectifs du jour, puis choisissent de rester en retrait et “à la disposition en fonction des besoins de chaque groupe. Nous avions plutôt un rôle de conseil, d’aide à la résolution de problèmes”. Cette co-intervention constante tout au long du projet, cette nécessité pour les deux professeurs de “croiser [leurs] référentiels pour développer les compétences des élèves” matérialise bien comment un projet en lien avec une formation professionnelle peut participer à développer des compétences disciplinaires.
Pour évaluer les effets de ce travail en co-intervention sur le développement des compétences transversales via les projets qui concourent au chef d’œuvre, les deux professeurs ont proposé aux élèves un sondage de métacognition en fin d’année scolaire : une dizaine d’entre eux, soit la moitié de la classe environ, y a répondu. Concernant la pratique de la co-intervention, les élèves y ont trouvé trois avantages principaux : enrichir les compétences personnelles, acquérir des compétences de communication orale et mieux pouvoir préparer le chef d’œuvre. Concernant leurs propres progrès et acquis, les élèves sont unanimes pour dire qu’ils ont progressé à l’oral et dans la prise de parole. Les enseignants relèvent pour leur part des effets bénéfiques, au niveau individuel d’abord : plus grande prise d’initiative, confiance en soi renforcée, meilleure acceptation des différences, prise de conscience des compétences requises dans le métier et meilleure maîtrise du numérique. Des effets positifs sur le groupe classe sont aussi relevés : solidarité-entraide entre élèves, climat scolaire positif (peu d’absentéisme, bon état d’esprit) et respect de la liberté d’expression de chacun notamment. Quant à la notion de compétences transversales elle-même, “elle n’a pas été donnée en tant que telle aux élèves, mais cela pourrait s’envisager à l’avenir”, notent les deux enseignants.
En tout état de cause, ce sont bien nombre de compétences transversales dépassant le cadre des apprentissages disciplinaires que les lycéens ont pu travailler et développer à travers ce projet de podcasts pour une visite virtuelle du lycée à destination des familles. Mais il serait restrictif de limiter cette importance de travailler les compétences transversales avec les seuls élèves de l’enseignement professionnel. Ces dernières renvoient en effet vers une vue plus globale de la personne et renforcent la construction du parcours de l’élève. Elles consolident le sens des apprentissages dans les situations et en conséquence l’engagement des jeunes dans leur formation. On peut ainsi, de manière adaptée certes, utiliser ces compétences transversales au collège, par exemple dans le cadre d’un EPI (enseignement pratique interdisciplinaire : chaque élève doit en avoir fait un au terme du cycle 4) et plus encore en lycée général, à travers une pédagogie de projets notamment.
1 Si les podcasts furent au départ des médias purement audio, 17 % d’entre eux comportent aujourd’hui des éléments visuels.