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l'attention et la mémorisation des élèves en classe

mis à jour le 03/06/2020


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Madame Rivallin, enseignante de physique-chimie au sein du collège d’Avrillé dans le Maine-et-Loire, a été marquée par la difficulté des élèves pour fixer leur attention et se mettre réellement au travail ainsi que par leurs difficultés à mener un travail de fixation-mémorisation des connaissances. Son questionnement professionnel a alors été le suivant : comment permettre aux élèves d’être plus attentifs et de mieux mémoriser afin de progresser réellement et efficacement dans leurs apprentissages ?

mots clés : échanger, Sciences cognitives, apprentissage, attention, mémorisation


Mme Rivallin, professeure de physique-chimie au collège Janequin d’Avrillé (49), mène depuis des années une réflexion, notamment sur la démarche d’investigation qui développe l’autonomie et la réflexion de l’élève. Néanmoins c’est le déclic de l’expérience “devoirs faits”, avec l’incapacité de bons nombres d’élèves (de 4e en l’occurrence) à tirer profit de ce temps pour réellement travailler de manière raisonnée et efficace qui lui a fait sentir la nécessité de pousser plus avant sa réflexion. C’est vers les sciences cognitives que son attention s’est portée : pour faire bref, les sciences cognitives sont une discipline scientifique née vers 1950 qui a pour objet la description, l’explication, voire la simulation des mécanismes de la pensée et de l’intelligence, ici humaine (les travaux des sciences cognitives peuvent aussi porter sur l’intelligence artificielle ou animale). Les sciences cognitives comportent six sous-disciplines, dont notamment les neurosciences. Pour Mme Rivallin, comme un garagiste ne peut réparer une voiture sans connaître le fonctionnement d’un moteur, il lui semblait qu’on ne pouvait aller avec l’élève jusqu’au bout de la démarche d’apprentissage sans comprendre un tant soit peu le fonctionnement du cerveau. Par ailleurs, l’enseignante souhaitait pouvoir accéder à une formation complète et de qualité, tout en poursuivant son activité en parallèle ; cela avec la volonté de faire évoluer dans la durée son activité pédagogique et d’apporter de vrais outils novateurs et performants aux élèves afin d’améliorer leurs capacités d’attention et de concentration. C’est sur une plateforme numérique, Num-Mooc, que Mme Rivallin va trouver satisfaction.
 
Améliorer l’attention des élèves est sans doute la partie la plus délicate car elle celle-ci est très liée aux émotions et se développe jusqu’à l’âge de 20 ans environ. “Il est donc normal que nos collégiens ne soient pas “finis” en ce domaine, et le seul fait de la savoir déculpabilise beaucoup le professeur”, reconnaît Mme Rivallin. Si l’on ajoute à cela qu’un élève émotionnellement instable ne peut réellement se montrer attentif, la tâche paraît ardue. Cela n’empêche heureusement que l’attention se travaille et que des outils peuvent être mis en place. Mme Rivallin a ainsi institué des rituels de mise au calme, une quinzaine au total environ. Leur pratique n’est pas systématique mais s’installe à chaque fois qu’elle en ressent le besoin, soit que la classe est agitée soit qu’elle perçoit une tension peu favorable aux apprentissages. Une pratique du yoga depuis quinze ans et la découverte des exercices de “cohérence cardiaque”, l’ont aidée. Cette méthode, expérimentée récemment dans l’académie de Poitiers, consiste , trois fois par jour, à réaliser des exercices de 6 respirations par minute pendant 5 minutes, d’où le chiffre 365. L’enseignante précise que lors de la mise en place du rituel, et quel que soit l’exercice choisi, celui-ci n’est pas obligatoire et que ceux qui ne souhaitent pas l’effectuer peuvent faire “un mini dodo”. Mme Rivallin peut faire l’un de ces exercices en début ou en milieu de cours selon les besoins. Si cette pratique n’est pas à proprement parlé scientifique et doit être prise comme un outil de bien-être, elle peut répondre au besoin d’apaisement et de relâcher des tensions que les élèves peuvent parfois ressentir en classe. L’objectif est de recentrer l’enfant sur lui-même, et de rendre à son corps et son esprit une disponibilité, un calme favorable aux apprentissages. Une autre disposition prise par Mme Rivallin a été la mise en place de petits exercices de métacognition (fait de penser sur sa propre pensée, d’avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux) sous forme de questions Vrai/faux traitées en quelques minutes en début de séance. Ces questions, du type “peut-on faire deux choses en même temps ?” vise à la fois à capter l’attention et à mobiliser la réflexion et le cerveau des élèves sur des thèmes liés aux conditions du bon apprentissage. L’enseignante est aussi adepte du “feedback proche” (fait d’effectuer la correction juste après l’évaluation), pour un ancrage plus efficace, car les élèves en attente de leur score sont très attentifs. Enfin elle a réfléchi aussi à l’organisation physique de sa classe afin de créer d’“autres situations d’enseignement que le frontal ou le groupe figé”. La présence de “paillasses” fixées au sol en physique-chimie limite certes les possibilités dans cette matière ; mais pour ne citer que deux exemples, d’une part six tableaux blancs ont été installés tout autour de la classe pour permettre une “promenade des connaissances” ; cela signifie que le cours peut se construire et se lire à différents endroits de la salle à certains moments, et qu’à d’autres les élèves peuvent travailler en petits groupes en disposant d’un support mural visible par les autres pour écrire et présenter leurs recherches ou leurs questions. Par ailleurs, un “espace bulle” a été installé dans un coin de la salle, séparé physiquement et visuellement du reste de la classe par un panneau de bois plein, mais visible depuis le bureau de l’enseignante. Cet espace, avec chaise et table mais une décoration “cosy” (magnets, sous-main décoratif, coussin sur la chaise…) se veut un “sas de décompression pour les élèves émotionnellement instables”. Il peut être sollicité, quelques minutes ou une partie du cours, par des enfants en incapacité ponctuelle à se concentrer sur leur travail ; ce peut être après une altercation, à cause d’une grosse fatigue ou en lien avec une épreuve personnelle ou familiale. Visiblement, les élèves n’abusent pas de cette possibilité et ne demande à passer dans cet espace qu’à bon escient.
 
Mais s’il ne peut y avoir d’apprentissages sans attention, les connaissances ne peuvent s’ancrer et se construire que par un travail de fixation et de mémorisation, afin de pouvoir être réinvesties pour en acquérir d’autres ensuite. C’est sur la mémorisation des savoirs et des connaissances au service des compétences que va porter les recherche de Mme Rivallin. Le point de départ de sa réflexion sur cet aspect des apprentissages est lié à la découverte de la courbe de l’oubli d’Hermann Ebbingaus en 1855. Cette courbe dit en substance qu’une notion vue une seule fois a de fortes chances d’être oubliée, d’où la nécessité de reprises expansées dans le temps. Cela requiert la mise en place d’un enseignement spiralaire (où les notions sont revues régulièrement), qui nécessite d’en faire peut-être un peu moins pour faire mieux, c’est-à-dire plus souvent. Après, l’enseignante reconnaît qu’il faut parvenir à concilier cette exigence pédagogique avec la réalité des programmes, notamment à l’approche du DNB pour les 4e-3e. Pour cet aspect-là, Mme Rivallin a notamment créé deux outils : des encarts mémos en bas de chaque cours qui font l’objet d’évaluation sommative et au cycle 4 dix fiches de mémorisation (plus une en sixième) que les élèves conservent d’une année sur l’autre de la cinquième à la troisième (ou rattrapent si l’année précédente ils avaient un autre enseignant dans la discipline). Chaque fiche correspond à quelques chapitres du programme et les savoirs sont présentés sous forme de questions-réponses avec des indices ; l’élève cache la colonne réponses, se fait interroger dans le désordre et essaie de retrouver les réponses. Un peu de temps est prévu régulièrement en fin de séance pour que les élèves revoient ces fiches par deux et se les approprient progressivement. Ces fiches aident notamment beaucoup les élèves peu organisés, aux cours peu clairs et qui n’aiment pas écrire. Ainsi au fil des ans et avec ces onze fiches les élèves se constituent une “bibliothèque des essentiels” à connaître pour le DNB. Enfin, parce que la variation des supports et des médias participe aussi au renforcement de l’attention, de la participation et donc de la mémorisation des cours, Mme Rivallin fait un usage régulier du logiciel Plickers. Il s’agit d’une application permettant d’interroger simultanément et individuellement à une même question fermée de type QCM (avec 4 réponses possibles au maximum) tous les élèves d’une classe. Ces derniers sont munis d’étiquettes sur lesquelles sont imprimées des symboles de type QR code. Ils répondent aux questions en orientant différemment leur étiquette que l’enseignante scanne avec un smartphone ou une tablette. Les questions et les résultats peuvent être affichés en direct, l’enseignante avouant “faire durer le suspense parfois” avec des explications complémentaires afin de renforcer l’attention des élèves. Visiblement, ce système est “plébiscité par les élèves, même les moins scolaires. Ils attendent leurs notes avec impatience.”
En conclusion, on retiendra l’idée maîtresse qu’il n’y a pas d’apprentissage et de maîtrise des savoirs durables et réels sans une capacité d’attention et un travail de mémorisation régulier. Avec encore peu de recul sur certains outils, Mme Rivallin note “de façon qualitative une meilleure mémorisation, une meilleure implication aussi des élèves pour cette deuxième année” de pratique, mais avoue la difficulté à ce stade d’une évaluation quantitative. Néanmoins l’intérêt et le goût des élèves pour certains de ces outils, comme les fiches de mémorisation ou le logiciel Plickers, ne peuvent qu’inciter à la recherche de moyens nouveaux et variés de fixer l’attention et les connaissances du programme de manière durable et pertinente dans le cerveau des élèves. Car quoi de plus agréable pour un enseignant que “quand les élèves me disent que le cours est déjà fini, ou quand il y a un élève de trop dans ma salle à 8 h 30, ou encore que deux ex-élèves viennent un vendredi à 15 h me demander des fiches mémos pour réviser en étude.” À noter enfin que ce travail sur attention et mémorisation tend à essaimer au sein du collège, avec par exemple l’expérience d’un “club mémo” avec une quarantaine de 4è-3è, ou encore la mise en place l’an dernier de trois “cogni-classes” expérimentales. Il s’agit d’un projet commun réunissant trois professeurs de mathématiques, trois enseignants d’histoire-géographie, trois de français, deux de physique-chimie et la professeure documentaliste, avec le double axe de travail suivant : une piste “mémorisation” avec l’élaboration et l’utilisation de fiches mémorisation dans les différentes matières, et une piste “attention” avec le projet de ritualiser des séances de mise au calme en début de cours notamment. Une expérimentation à suivre assurément.
 
auteur(s) :

S. Billon

contributeur(s) :

Mme Rivallin, Collège Clément Janequin, Avrillé [49]

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