La thématique du décrochage scolaire n'est pas nouvelle, mais elle a pris ces dernières années une envergure de nature à réinterroger le système éducatif dans son intégralité. Elle questionne car existent des "fuites" d'élèves qui de prime abord ne s'expliquent pas et semblent ne pas avoir de raison d'être. Elle suscite l'intérêt et la réflexion car la priorité n'est plus seulement de traiter le raccrochage des élèves décrochés, mais davantage de prévenir le décrochage. Un comble, peut-être aussi, est celui de traiter le décrochage en classe, alors même que l'élève est toujours présent au sein de l'Institution. C'est tellement vrai que si hier les acteurs du premier degré n'évoquaient même pas le sujet, ils se doivent à présent d'être les premiers à y veiller. Parallèlement, les professionnels du second degré renforcent toute leur vigilance à l'accrochage et au suivi de leurs élèves.
Les auteurs d'
e-novEPS N°9 s'essaient à l'éclairage des problématiques qui sous-tendent cette thématique, avec l'ambition de donner à mieux comprendre et appréhender certains mécanismes d'accrochage des élèves, car il est aujourd'hui convenu, que cette difficulté rencontrée par le système éducatif est l'affaire de tous.
La première partie s'attache à l'élève accroché.Amélie Barranger met en avant le point de vue des élèves pour donner à voir ce qui les accroche. S'en suit une série d'articles qui proposent des vecteurs d'accrochage.
Jean-Luc Dourin insiste sur la nécessité de créer une communauté où chacun trouve sa place pour exister.
Davy Mezière explique qu'un élève est d'autant plus motivé à apprendre qu'il perçoit ses acquis. Enfin,
Joffrey Ménagé avance la force motivationnelle du projet d'avenir.
La seconde partie s'attarde sur le professeur accrocheur.Karine Charpentier et
Christiane Gogendeau ouvrent cette deuxième partie par, sans doute l'un des plus fort agent d'accrochage, celui de la connaissances des élèves, de leur prise en compte au coeur de la relation pédagogique et des choix didactiques à opérer. De son côté,
Jean-françois Maudet renvoie à la notion de tâche ouverte et de l'autonomie nécessaire pour y répondre, le pouvoir à s'adapter à tous les profils d'élèves qui s'engagent alors, avec plus de motivation. Parallèlement,
Anne Laballeur s'intéresse de plus près à la gestion des élèves inaptes qui, en l'absence de leur prise en charge effective influence sur leur rapport à l'école. Enfin, très spécifiquement en EPS,
Bernard Lebrun et E. Derimay reviennent sur le lien intime qui existe entre l'implication dans cet enseignement et le rapport au corps que doit construire le professeur accrocheur.
La troisième partie, quant à elle, vise à soutenir l'idée qu'accrocher les élèves demande à ce que les acteurs eux-mêmes soient accrochés. Aussi,
Maurice Plays présente l'"ABC" du savoir enseigner, vecteur de la mise en activité d'apprentissage des élèves pour dessiner un professeur maître dans sa classe. Très subtilement,
Isabelle Lamamy-Echard éclaire cette forme de réciprocité qui existe entre la motivation du professeur à s'engager envers les élèves qui prennent de la distance aux apprentissages, et la motivation de ces derniers à persévérer du fait de l'intérêt qui leur est porté.
Delphine Evain prend comme cheval de bataille l'accroche des professeurs dans le cadre de l'avalanche des textes et des programmes : par les évolutions qu'ils demandent et les attentes qu'ils générent, ceux-ci peuvent occasionner des dissonances de pratiques qui sont de nature à perdre des élèves. Enfin, dans un tout autre registre
Vianney Thual signe un bel article sur le thème de la communication aux parents, parce que tout le monde en convient, accrocher les familles c'est aussi accrocher les enfants.
Déjà, se profilent les prochains rendez-vous des auteurs du GAIP, qui auront pour mission de réfléchir et témoigner de leurs débats sur le thème de
la classe coopérative, à travers les articles de la revue
e-novEPS N°10 du mois de janvier 2016.