On entend régulièrement cette idée que l'enfant qui va à l'école doit apprendre le "
métier d'élève". Mais quel est-il réellement ? Quelles seraient les caractéristiques et les contours de ce métier? Qu'est ce qui serait à "apprendre" pour l'exercer ? Plus largement, quels seraient les liens avec "l'élève acteur", et en miroir l'action du professeur pour le guider ?
Le numéro 16 de la revue e- novEPS pose comme postulat que le
métier d'élève, s'il existe, est celui de
l'acteur, et que pour y parvenir, l'enseignant doit nécessairement
l'accompagner.
Céline Allain, dans la
première partie de ce nouveau numéro,
interroge ce tamdem, élève acteur - professeur accompagnant.
Vianney Thual replace l'élève acteur dans son incontournable contexte authentique, distant d'une rationnalisation conceptuelle de l'enseignant qui l'interdirait. Dans son deuxième article de la revue
Céline Allain enrichit ce contexte de la dimension collective et
Bernard Lebrun précise, par delà la conception de la leçon, sa mise en oeuvre ou comment le degré de guidage de l'enseignant impacte l'exercice du métier de l'élève.
Au cours de la
deuxième partie, un focus est réalisé sur
l'activité de l'enseignant.
Damien Bénéteau place la communication au coeur de l'action du professeur.
Benjamin Delaporte s'appuie sur l'activité d'observation et d'interrelation ainsi générée pour mettre en lumière cet élève acteur.
Soizic Guilon et Samuel Duret amplifient cette prise de responsabilité des élèves, en leur permettant de devenir auteur de leur situation d'apprentissage, par le jeu de certains des paramètres qui la compose. Dans ce sillage,
Néllia Fleury place les élèves "aux manettes" de leur projet d'apprentissage et de son suivi.
Enfin la
troisième et dernière partie de ce numéro s'interresse plus particulièrement à la
manière dont les élèves peuvent exercer leur métier.
Francis Huot interpelle le lecteur sur les nécessaires connaissances dont les élèves doivent pouvoir disposer et maîtriser pour être ou devenir acteur. Ces mêmes connaissances permettent à l'élève d'exercer sa réflexivité. Son expression très concrête est proposée par
Françoise Rouxel et Vianney Thual. Et
Fabien Vautour fait de même par le filtre de l'élève acteur de sa bonne santé ou comment la prise de responsabilité de son hygiène de vie devient plus pertinente dès qu'elle peut se personnaliser. Enfin,
Delphine Evain et Jérémie Gibon reviennent au coeur de la classe pour illustrer comment l'élève peut prendre la main sur son évaluation en lui permettant de devenir auteur de ses propres étapes de progrès.
En guise de
conclusion pour ce numéro de la revue, le message est de renforcer l'idée que le métier d'élève a sans doute évolué. La représentation d'un élève en classe qui serait passif, silencieux, à l'écoute de consignes prescriptives, tel un cours magistral dans lequel chacun est bien rangé, obéïssant au pied de la lettre aux ordres du professeur, est aujourd'hui dépassée. Le métier d'élève est assurément celui de l'élève acteur qui, grâce à la dévolution autorisée et orchestrée par le professeur qui l'accompagne pas à pas dans ses apprentissages, est participatif, réflexif, décisionnaire pour prendre des responsabilités et des initiatives. Il s'agit d'un engagement rendu possible par une pédagogie renouvelée, support et témoins du chemin que l'élève parcourt, vers l'exercice d'une autonomie pleine et entière. En fait, il n'y a pas de métier d'élève, mais seulement un élève citoyen dans un contexte favorisant pour apprendre et s'exercer à le devenir.
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Dans la suite à cette thématique, les auteurs s'élancent maintenant à l'assaut des
programmes de lycée pour en proposer des usages et des exploitations selon cette intention de contribuer à la formation post collège - pré-professionnalisation. Rendez-vous est donc pris pour le mois de juin 2019.
Delphine Evain